Le Nontronnais en 1802

Nontron est une ville fort irrégulière, bâtie sur deux collines la plupart ; de ses rues sont très tortueuses et ses édifices généralement mal construits, mais ses dehors sont assez intéressants. Le Bandiat, qui coule au pied de ses coteaux, forme, dans ses contours, des vallons riants et fertiles, quoique un peu resserrés, et les hauteurs, couvertes partout de bois et de prés, font de ce pays un séjour agréable, dans la belle saison. Cette ville a des fontaines abondantes et très pures. Nontron a d'assez bons marchés et des foires célèbres, où l'on est attiré par le plaisir non moins que par les affaires. Les fêtes que l'on y donne sont vives et l'on y trouve du goût et de l'élégance. Les femmes, dans le Nontronnais, ont une mise supérieure aux autres arrondissements et disputent, avec les Bergeracoises, de fraîcheur et de beauté. C'est au chef-lieu que l'on voit ressortir davantage le caractère aimable et bon de l'habitant de cet arrondissement. Le Nontronnais est surtout hospitalier ; il aime l'étranger, il le comble de prévenances, et le jour où il s'en sépare est un jour de chagrin pour toute la famille qui l'a reçu. Le Nontronnais a surtout un caractère de douceur et de modération qui le distingue. Ce caractère s'est manifesté plus particulièrement pendant le cours de la Révolution. On n'a vu, dans cet arrondissement, ni passions exaltées, ni crises violentes, et des dissentiments politiques n'y ont jamais rompu aucunes affections, brisé aucuns noeuds. La douceur et l'aménité que l'on remarque dans le peuple de cet arrondissement se font plus particulièrement sentir dans la classe aisée ; on ne trouve dans aucun ressort ni autant d'affabilité, ni autant de politesse dans les manières. En un mot, de tous les habitans du département, le Nontronnais est le plus aimable.

Source : Annuaire du département de la Dordogne pour l'an XI.

Articles les plus consultés