Cussac pendant la Révolution

La Révolution laissa dans le paysage rural des marques visibles. En abolissant la féodalité, elle avait institué une nouvelle administration locale dont l'élément le plus visible fut la création des départements, les districts n'ayant duré qu'un temps (ils devinrent les arrondissements, puis les sous-préfectures). Sur le plan social, elle assura la montée de la bourgeoisie ou des paysans les plus fortunés, aux dépens des anciennes familles nobles qui souffrirent des répercutions de la Terreur dans leur chair et dans leurs biens.

La création des départements bria l'unité provinciale. Le but était de multiplier les foyers de vie politique et administrative en décentralisant les nouvelles institutions et en les rendant plus proches du cadre de vie des citoyens. La nouvelle division administrative abandonna la région de Rochechouart au Limousin en l'intégrant à la Haute-Vienne. Cussac et ses environs furent assimilés au destin de ce département au point que, de nos jours, rares sont ceux qui se souviennent de la longue appartenance poitevine de cette région.

Autour de Cussac, les biens du clergé ayant été mis à la disposition de la nation par le décret du 3 novembre 1789, il fut procédé à la vente des propriétés des bénédictions de la Beille et des religieuses de Boubon. Les nouveaux riches se rendirent acquéreurs des terres vendues respectivement le 19 mai et 20 décembre 1791.

Déjà, en 1747, Léonard Deloustaud, fermier des métairies de Madame de la Reille, avait fait une acquisition importante au Mas. Etabli en 1760 à la Braulie, il acheta à sa soeur une propriété située au côté du chemin dit La Pouge, qui va de la Rivière de Champagnac à Boubon et entra ainsi en possession d'une partie des anciennes terres du monastère et des seigneurs de Cromières. En 1793, il devint aussi propriétaire d'une métairie à Vergnolas avec réserve, taillis et maison de maître et de métayer.

Les acquisitions de la famille Duvoisin, dont nous avons déjà parlé lors de la vente de la propriété de la Berthussie, furent plus considérables encore. Pierre Duvoisin, petit-fils du notaire de Piégut, et administrateur pour l'Etat des terres des Champs, qu'il habitait depuis la faillite des Chouly Permangle, eut trois enfants : Madeleine qui habita la grande maison adjacente au chemin du Breuil achetée par les Duvoisin, Martial qui acheta un lot très important des propriétés de Boubon, et Minette. Martial, qui habita Vergnolas fut fermier au Breuil et maire de Cussac en 1793. Il eut, de son mariage avec Anne Dureissex, plusieurs enfants, dont deux fils : Duvoisin dit la Serve et Duvoisin dit Gipoulou. Le premier marié à Madame de la Serve fut député à l'assemblée législative et membre du district. Inquiété, un temps, pendant la Révolution, il se cacha à Chambinaud, à la Reille et dans la forêt de Cromières. Son frère, Gipoulou, fermier des du Dousset au Moulin Paute, régisseur du Puy, fermier à Soumagnac, où il habita, fit l'achat d'une grande partie de Boubon et de ses dépendances, d'une propriété appelée Monthibus, près des Trois-Cerisiers, et fut propriétaire à la Reille où il habita également. Mort sans enfant, une partie de ses biens revint à ses neveux, les Frugier-Puyboyer.

La famille des notaires de Piégut parvint, en assez peu de temps, par ses branches multiples, à entrer en possession de terres très importantes aux alentours de Cussac. Une partie des propriétés du Puy, La Reille, la Berthussie, la Fontanelle lui appartinrent.

L'ascension des familles bourgeoises se fit aux dépens des nobles. A Marval, le 5 février 1794, Emmanuel de Lambertie vendit à Etienne Auvray de Saint-Rémy la terre de Marval et tout ce qu'il possédait dans la commune. La terre de Puydemaud fut affermée par arrêté du 13 nivôse an VI, puis, par la suite, rendue à son propriétaire. La même procédure fut adoptée à Cussac.

En mars 1794, la gendarmerie d'Oradour-sur-Vayres se présenta au château du Puy pour y arrêter Joseph Lavergne qui, par la verdeur de son langage, avait tenu des propos peu révolutionnaires dénoncés par la société d'Oradour. S'étant enfui à la première heure, il fut arrêté plus tard et mourut sur l'échafaud, payant cher ses erreurs de langage.

Source : Cussac et sa région, de Pierre Macaire.

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