Les frères Perry et la Révolution

Pour les frères Perry, le fait d'avoir un neveu commun avec Dumouriez, et un neveu émigré, aggravait singulièrement leur cas et pouvait les conduire à l'échafaud. Les signataires du brevet de civisme du 21 avril avaient pris de gros risques. Ils durent avoir froid dans le dos quand ils apprirent l'émigration d'Hubert Léonor Perry. Cependant il ne se passa rien dans l'immédiat, mais quatre mois après, en Août 1793, les frères Perry furent incarcérés à la prison de la Visitation de Limoges. Leurs biens furent mis sous séquestre (13 novembre 1793). La municipalité s'installa au Château » et choisit pour y tenir ses séances le salon à manger (29 décembre). Elle n'en continua pas moins à défendre ses ci-devant seigneurs et, c'est sans doute à une nouvelle demande de renseignements émanant du magistrat chargé de l'instruction de leur affaire, que répond le document suivant. Séance du 7 Pluviose-an II, 26 Janvier 1794. Observations de la municipalité et du Conseil général de la Commune : « Nous approuvons et certifions le rapport du comité Révolutionnaire et nous observons que Perry l'aîné est âgé et attaqué d'infirmités et qu'il a préféré de conserver sa charge de Chevalier de Malte, nous ayant observé que la loi lui donne le choix, à celle d'officier municipal qu'il n'a pas voulu accepter la charge de juger des citoyens ». Il a refusé, en raison de ses infirmités, de faire partie de la garde nationale, mais, quelques jours après, il a changé d'avis et s'est fait inscrire. S'il n'a pas déposé dans le temps, sa Croix de Malte, c'est parce qu'il était emprisonné. Voici toutes les observations que nous avons à faire sur Perry aîné. Nous certifions qu'il s'est toujours comporté en honnête homme, et aussi patriote, rendant des secours et de grands services aux habitants de la Commune et s'est toujours occupé d'arrangements sur les contestations qui s'élevaient entre les citoyens de notre dite commune et leur rendant beaucoup de services quand il en trouvait l'occasion. Nous vous observons que Perry cadet n'a pas déposé sa croix de Saint-Louis, attendu qu'il était en arrestation et certifions qu'il s'est toujours bien comporté (suivent les signatures des officiers municipaux et des notables.) Le 18 Pluviose an II, l'agent national de la Commune fait remarquer que le démantèlement des tours du Château etles pluies abondantes pourraient détériorer les meubles de certains appartements, il est décidé que les scellés, seront rompus et les meubles transportés dans les autres chambres. Il est en outre décidé de licencier les domestiques de luxe non occupés à des travaux utiles, qui habitent encore le ci-devant château de Saint-Auvent, appartenant aux Perry, détenus. Dans la séance du 26 Pluviose, il est décidé de notifier cette décision aux deux domestiques en question, Baptiste Bernard et Marie Cania. Le neuf Thermidor (17 juillet 1794) qui ouvrit les portes des prisons n'amena pas la libération des frères Perry. Sans doute l'instruction de leur affaire n'était-elle pas terminée ? Quatre mois encore ils attendirent leur liberté. Le 23 Brumaire (14 Novembre 1794) ils se présentèrent à la Maison commune de Saint-Auvent pour y déposer leurs croix de Malte et de Saint-Louis « en or et diamants ». Olivier Isaac s'excuse de ne pas remettre en même temps que sa Croix de Malte le brevet qui l'accompagnait et « qui a été brûlé avec les titres de féodalité ». Leur billet d'élargissement ne leur parvint qu'un mois après, en raison de l'absence du représentant de la Convention qui devait le signer. « Aujourd'hui 20 Frimaire an III de la République, se sont présentés, à nous Olivier Isaac Pery-Saint-Auvent et Jean Olivier Péry jeune, ensemble leur certificat de civisme. Le représentant du peuple dans le département de la Hte-Vienne, arrête qu'ils seront mis en liberté à Limoges, le 21 Brumaire, 3e année de la République Française, une et indivisible.

(Société Archéologique et historique de la Charente, 1972)

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