La garde-robe de Robert d'Asnières

Les archives du château de Montagrier, récemment étudiées par nous, nous ont fourni des notes assez nombreuses et assez variées.

Nous détachons aujourd'hui du recueil de nos extraits, pour le Bulletin de la Société archéologique de Limoges, quelques indications concernant la garde-robe d'un jeune homme de notre pays, étudiant à Poitiers en 1625.

Il s'agit de Robert d'Asnières, écuyer, seigneur de La Chapelle en Saintonge et de Graine, près Biennac, qui suit les cours de l'Université de Poitiers ; il est en pension chez un sieur Bernier, dont le lils lui donne des répétitions payées. — Les notes que nous avons relevées dans ses papiers domestiques éveillent une idée assez avantageuse de sa toilette. C'est ainsi qu'on le voit porter :

« Un manteau d'escarlate avec des bandes de satin rouge eramoisy, et des boutons à la limace, deux douzaines d esguilhettes et du galon ; »

« Un habit de raz de Londres, acheté à Limoges, du sieur Romanet, marchand, avec de la tavelle et galon ; »

« Un chapeau gris demy castor avec le cordon d'or et d'argent (.coût 11 livres) ; »

« Une espée à guarde argentée et un baudrier couvert de galon d'or et d'argent, avec la ceinture de même (le tout ayant coûté, à Limoges, 20 livres). »

Le linge du jeune homme est en harmonie avec ce brillant équipage. Il porte des chaussettes et des caleçons de toile fine ; ses collets et ses manchettes sont de toile de Hollande avec « des glands et des courdons ». Ses chemises, de toile de Hollande également, ne coûtent pas moins de quatre livres la pièce. Il porte des gants.

Il chausse tantôt des souliers de maroquin de Flandre, tantôt des souliers de cuir de vache, achetés, les uns et les autres, au prix de trois livres 10 sols, du sieur Mordifer, de Rochechouart. Il a de plus une paire de grosses bottes, qu'il a payées dix livres. Et il y ajuste une paire d'éperons, de 20 sols.

Notons quelques autres passages du livre des dépenses de l'étudiant gentilhomme se rapportant à sa garde robe.

Robert s'est fait faire un habit à la mode par un tailleur en vogue du nom de Jean Jouinet : la façon lui a coûté cent sols, plus 3 sols pour le vin des garçons. — Ce pourboire se donnait d'ordinaire lors de l'essayage.- La façon d'un autre habit, celui-ci d'écarlate, lui coûte un peu moins cher, 4 livres.

Un habit de camelot changeant ; un autre de drap d'Usseau marbré, accommodé de boutons d'or et d'argent et un « roquet » lui ont coûté chez le même Jouinet, de façon et garnitures, 32 livres.

Il a, bien entendu, fourni l'étoffe.

Il paye 3 livres 19 sols deux aunes de futaine à grain d'orge pour faire deux paires de « brassières », et la façon des dites brassières ; un peigne, 5 sols ; un baudrier de broderie d'or, acheté à Paris, 17 livres ; un ruban pour mettre à son baudrier, 12 sols.

Un chapeau « bourru », acheté à un chapelier à Oradour-sur-Vayres, est payé 43 sols. Un chapeau « feustre de Paris » coûte cent sols à Limoges. On reteint un chapeau pour 5 sols.

Il y a, à Rochechouart, d'habiles lingères et un gantier au moins : deux paires de gants prises chez ce dernier, ont coûté 39 sols. La lingère fait payer 20 sols la façon de quatre paires de manchettes, six coiffes de bonnet et six mouchoirs.

Ajoutons enfin que Robert donne à l'abbesse de la Trinité du Dorat, pour le trousseau de sa sœur, religieuse dans ce monastère, « 20 aulnes de sarge de deux esteintes, amarante cramoisy, coustant 32 sols 1/2 l'aulne ; il y ajoute pour 60 livres « d'estamine pour faire lincieux et chemises ».

Il serait facile de multiplier les citations.

(Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 1891)

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