La cure de Dournazac

Mémoire sur la cure de Dournazac, 1663. — « Saint-Sulpice de Dournazac, est une paroisse de l'évêché de Limoges de laquelle l'église paroissiale et le bourg sont en Limousin et dans le ressort du Sénéchal de Limoges et du Parlement de Bordeaux, avec plus de la moitié de la paroisse. L'autre partie de la paroisse est en Poitou, du ressort du Sénéchal de Montmorillon et du Parlement de Paris. Dans la partie qui est en Limousin est le prieuré de Notre-Dame d'Altavaux... Dans l'autre partie qui est en Poitou est la baronnie du château de Montbrun, et autour de ce château il y a un village de 7 ou 8 maisons et 3 chapelles, dont il y en a une ruinée; les autres subsistent encore, mais en pauvre estat. La cure de cette paroisse de Dournazac est, depuis trois ou quatre cens ans ou plus, unie au dit prieuré d'Altavaux et il y a en icelle un vicaire perpétuel. Ensuite de ce, le prieur d'Altavaux est dîmier général de toute la paroisse. Le vicaire perpétuel lève pourtant la dîme dans le bourg de Dournazac et dans quelques terres d'alentour, lesquelles, avec quelques autres héritages qu'il jouit, font sa pension congrue de plus de 300 #. par an. Le seigneur de Montbrun, qui est aujourd'huy le comte de Lambertie, lève la dîme des grains de presque la moitié de cette partie de la dite paroisse qui est en Poitou, laquelle il prétend être inféodée à sa baronnie de Montbrun... Depuis un mois ou cinq semaines, un certain prêtre nommé Estienne Lamothe, qui est curé de la paroisse de Pansaux, voisine de celle de Dournazac et toute située en Poitou, ayant fait venir une signature de Rome simplement sur la cure de Montbrun, sans spécifier aucune des dites chapelles ny le saint auquel elle est dédiée, a pris un visa de l'Évêque de Limoges prétendant qu'il y avoit autrefois une cure et paroisse, et y voudroit establir une cure ou vicairie perpétuelle, ce qui apporteroit grand préjudice au prieur d'Altavaux, d'autant qu'il n'y a aucun revenu de cette chapelle, et ce seroit luy qui seroit obligé de faire la pension congrue au vicaire ou curé, parce qu'il n'y a point d'ecclésiastique qui lève de dîmes dans la dite paroisse que luy et le dit vicaire perpétuel de Dournazac... M. Jean Parisien, soy disant vicaire perpétuel de la dite paroisse de Dournazac, qui semble intéressé en ceste érection d'une nouvelle cure ou vicairie perpétuelle au milieu de sa paroisse, à cause du baise-main qu'il perdroit dans la partie que cette nouvelle cure emporteroit, ne se met pas en peine. Au contraire, c'est luy qui a suscité le dit sieur Lamothe à faire ce qu'il fait, parce qu'il est mal pourveu de sa dite vicairie et se voit à la veille d'en estre débouté. Il y a déjà quelques semaines que le dit sieur Lamothe, ou le dit Parisien sous son nom, ont dit ou fait dire messe tous les dimanches et festes en une des dites chapelles, fait amasser pour les morts, fait faire le prosne et quelques autres fonctions curiales, afin de s'insinuer peu à peu, et après, demander les dîmes ou pension congrue. Néantmoins il n'y a en cette chapelle ny fons baptismaux, ny Corpus elevatum, ny croix processionnelle, ny aucun vestige qu'il y ait jamais eu de cure ou église paroissiale. Il y a quelques tombeaux ou apparence de charniers, mais on n'y a jamais vu de paroisse, ny qu'il s'y soit fait aucunes fonctions curiales... »

(Archives départementales de la Haute-Vienne, 1882)

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