Lettre de Rochette à Bouchotte

Le 29 septembre 1793, les Autrichiens passaient la Sambre et refoulaient les divisions Mayer et Desjardin sur Maubeuge. La consternation régnait dans Avesnes et Landrecies, et Jourdan mandait au ministre de la guerre qu'il n'avait pas grande confiance dans la résistance que feraient ces deux places. Le commandant temporaire d'Avesnes, le chef de bataillon Rochette, jurait, selon la coutume, de s'ensevelir sous les ruines de la ville plutôt que de capituler, mais il écrivait que sa position était critique, et le Conseil de guerre demandait instamment des secours. Bouchotte chargea sur-le-champ le général de brigade Schlachter de se jeter dans Avesnes.

Rochette à Bouchotte.

Avesnes, ce 31 septembre, l'an IIe de la République française.

Citoyen ministre,

Notre position est extrême. Nous n'avons plus aucune communication avec Maubeuge. L'ennemi a repoussé tous nos avant-postes depuis Taisnière jusqu'à Marpent. Il a passé la Sambre le 29 au matin, nos troupes n'ayant pu résister à l'attaque vigoureuse de la cavalerie. Cet échec nous a coûté beaucoup de monde. Il a conséquemment beaucoup affaibli les forces du camp et de la ville de Maubeuge qui sont totalement cernés. D'après les rapports que j'ai, l'ennemi attend sous très peu de temps un renfort de dix-huit mille hommes. Si l'on ne vient promptement au secours de toute cette partie avec une force imposante, il ne faut pas en douter, elle sera cernée par les troupes ennemies. Quant à moi, je jure de m'ensevelir dans les ruines de la place qui m'est confiée plutôt que de la voir jamais souillée par les satellites des despotes.

Le chef de bataillon, commandant temporaire, Rochette.

Source : Lettres de 1793, de Arthur Chuquet.

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