Le garde-marteau des eaux et forêts d'Angoumois

Le 4 avril 1763, a été inhumé dans l'église de Mornac, maître François-Xavier Gauvry, du village du Maine-Quérant, conseiller du roi, garde marteau en la maîtrise particulière des eaux et forêts d'Angoumois décédé le jour précédent au logis de Chergé à l'âge de 59 ans 3 mois, après avoir reçu tous les sacrements, en présence de La Grézille, prêtre-curé de Mornac et plusieurs autres personnes.

Au siècle précédent, le ministre Colbert, dans une lettre à l'intendant de Limoges, nous a présenté de manière succinte la maîtrise d'Angoumois : «... La maitrise d'Angoulême a, dans sa dépendance, cinq ou six forests, dont la principale est celle de Braconne, fort considérable tant par son estendue, qui est de 14 à 15,000 arpens, que par sa situation, estant proche de la rivière de Charente qui tombe à vingt lieues de là dans la mer, etc. »

La principale forêt de la maîtrise d'Angoumois, juridiction royale, est donc la Braconne. Le roi possède aussi des bois près d'Angoulême (Bois Blanc, la grande garenne, la petite garenne) et de Cognac.

François-Xavier Gauvry de La Brugère est reçu en l'office de garde-marteau des eaux et forêts d'Angoumois, le 27 juin 1740, par lettres patentes enregistrées à la grande maîtrise des Eaux et Forêts de Paris.

Cet office a été créé en 1583 par le dernier Valois et ses obligations définies notamment sous le règne de Louis XIV avec l'ordonnance de 1669 concernant les eaux et forêts du royaume. Cette ordonnance précède le code forestier en vigueur aujourd'hui en France.

Le garde-marteau est, selon l'encyclopédie Diderot, un officier des eaux et forêts, gardien du marteau du roi. Il prend part à toutes les audiences de la maîtrise à Angoulême, jouit d'une voix délibérative et de gages. En l'absence du maître particulier, il remplace celui-ci.

L'empreinte du marteau du roi est composée de trois fleurs de lys couronnées. C'est pour la juridiction l'équivalent d'un sceau. Conformément au règlement des eaux et forêts, le marteau est conservé dans un coffre fermé avec trois clefs et trois serrures.

Avec le marteau du roi, appelé aussi le marteau de la maîtrise, le garde-marteau peut procéder au martelage des arbres avant les coupes extraordinaires en forêt de Braconne, destinées par exemple à alimenter en charbon de bois les forges de Rancogne et de Ruelle, ou à fournir la matière première pour la construction navale et le port de Rochefort.

L'opération de martelage ne peut se dérouler qu'en présence des officiers de la maîtrise. Le garde-marteau possède aussi un marteau particulier avec ses initiales, qu'il utilise principalement pour marteler les arbres morts ou détruits par des orages.

Au XVIIIe siècle, la charge de garde-marteau a été exercée de père en fils par des membres de la famille Gauvry : Pierre Gauvry (†1725), puis Guy Gauvry (†1739), et enfin François-Xavier Gauvry (†1763). Le gendre de ce dernier, Jean-Pierre-Alexandre Navarre, a été le possesseur de la charge en 1789.

Sources :

• Louis de Bernage, Mémoire sur la généralité de Limoges.
• Denis Diderot, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.
• Daniel Garrouste, L'usage des marteaux forestiers.
• Bulletin de la Societé forestière de Franche-Comté et des Provinces des l'Est, 2008.
• Association Généalogique de la Charente, Angoulême.

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