Les forges à canons de René Landouillette

Les forges de l'Angoumois, en particulier celles de René Landouillette, disposaient d'un immense avantage, pouvant emprunter le cours de la Charente, navigable toute l'année, dont elles n'étaient éloignées que de quelques lieues de charroi, Planchemenier, de deux (8 km), Rancogne, de trois (12 km), d'autres, de six à sept. Les canons étaient embarqués à Angoulême sur des gabares qui les transportaient jusqu'à Rochefort en trois ou quatre jours et à peu de frais.

Les mines étaient, dans l'ensemble, proches des forges. Rancogne, d'une lieue et demie (6 km), Planchemenier de quatre (16 km) ; les autres forges n'étaient éloignées de la mine que de deux à deux lieues et demie (8 à 10 km). Les forges de René Landouillette utilisaient quatre mines, celles de La Feuillade, de Vergnac, de Bachalou et de Javerlac. La première était la plus douce mais la moins abondante ; la deuxième était la plus riche mais le fer y était plus aigre et plus cassant ; la troisième tenait des deux. Pour les canons et les bombes, on utilisait la mine de fer de La Feuillade considérée par beaucoup "comme admirable". Pour les boulets ou les petits ouvrages, on utilisait les deux autres mines. La Feuillade était à environ trois lieues (12 km) de Planchemenier.

L'eau était indispensable au fonctionnement des forges. D'une façon générale, les forges d'Angoumois étaient nettement défavorisées par rapport à celles du Périgord, notamment celles de René Landouillette. A Rancogne, on pouvait travailler sept à huit mois à quatre fourneaux et, toute l'année, à deux ; à Planchemenier, à moins de pluies extraordinaires, on travaillait trois mois seulement à quatre fourneaux, quatre mois à trois, six mois à deux, et toute l'année à un. A Jommelières, on pouvait travailler six mois par an, à Combiers, huit, à Pontcharat, neuf. Un certain nombre de forges rencontrèrent, au cours de la période, de grandes difficultés à s'approvisionner en bois en quantité suffisante, notamment en chênes. Planchemenier restait largement dépendante pour son développement de la fameuse forêt de la Braconne, éloignée seulement d'une lieue (4 km).

L'histoire de la forge de Planchemenier fut en fait jalonnée des requêtes de René Landouillette visant à obtenir de l'intendant de la généralité et du ministre lui-même l'autorisation d'utiliser pour ses approvisionnements en bois cette forêt de 10 276 arpents. Fin juillet 1692. Pontchartrain effectua une démarche personnelle auprès du Grand Maître des Eaux et forêts de l'Angoumois, demandant pour Landouillette "200 arpents de bois de coupe extraordinaire de la forêt de la Braconne", à défaut desquels il risquait de ne pouvoir fondre la quantité de canons prévue.

Source : Les manufactures de la marine sous Louis XIV, de Jean Peter.

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