L'affaire d'Abjat en 1640

 Ces réseaux de complicités notables se retrouvent à tous les moments de l'affaire d'Abjat. La plupart des terres y appartenaient aux bourgeois de Nontron et un seul d'entre eux avait plus de bestiaux à Abjat que tous les habitants du bourg. Aussi les Vaucocour accusaient-ils nettement les bourgeois de Nontron « d'avoir donné conseil de faire rebellion ». Les officiers de Nontron refusaient en effet de poursuivre les gens d'Abjat et même de leur signifier des actes de procédure. Ils cachaient les principaux coupables et recelaient leurs biens. Les gentilshommes du voisinage, le baron de La Valade et le seigneur de Maraval, dissuadaient les sergents de s'approcher du bourg. Le plus proche hobereau, Thibaut de Camaing, écuyer, sieur de Verdoyer, soutenait ouvertement les habitants devant la justice. Il les accompagnait à Périgueux, les fournissait de procureurs et d'avocats. Il faisait menacer les sergents et aidait les coupables à s'évader ou à se cacher. Le vice-sénéchal était soupçonné d'avoir passé un traité avec les habitants. Quant au gouverneur de Périgord, Bourdeille, on ne pouvait pas non plus se fier à lui contre les villageois. L'intendant devait appeler l'affaire à lui, la juger à Nérac. Il se heurtait à toute une conspiration provinciale pour protéger les émeutiers, à une sorte d'unanimité dans la défense des droits des habitants contre l'agression des gens de guerre.

Source : Histoire des Croquants, de Yves-Marie Bercé.

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