Mousquetaires du Roi au XVIIIe siècle
Dans la Maison militaire du Roi, les mousquetaires formaient deux compagnies, chacune de deux cents cavaliers. Ils devaient leur nom aux mousquets dont ils furent armés à l'origine et qu'ils remplacèrent plus tard par des fusils à la dragonne auxquels on ajouta la baïonnette depuis 1743. Ils avaient encore deux pistolets à l'arçon de la selle et une épée. Ils portaient habit écarlate, soubrevestes bleues et galonnées sans manches, avec deux croix de velours blanc, l'une devant, l'autre derrière. La première compagnie avait des galons d'or et des flammes rouges aux angles des croix, tandis que la deuxième avait des galons d'argent et des flammes feuille-morte. Les mousquetaires de la première avaient des chevaux gris ceux de la deuxième, des chevaux noirs. De là, leur nom de Mousquetaires gris et de Mousquetaires noirs.
Les auteurs ne s'accordent pas sur la date de fondation de la première compagnie mais la plupart font remonter à 1622 sa création par Louis XIII qui fit retirer la carabine à la compagnie de carabins de son escorte de Montpellier à Avignon, et la remplaça par le mousquet les carabins devinrent des mousquetaires. La deuxième compagnie fut créée vers 1660 ou 1665.
Les drapeaux étaient blancs. Sur celui de la première compagnie se voyait une bombe enflammée tombant sur une ville, avec la devise Quo ruit et lethum (Partout où elle s'élance, elle porte la mort), allusion à l'impétuosité des mousquetaires. Sur celui de la deuxième, il y avait un faisceau de douze uèches empennées et l'inscription Amenas Jovis altera tela (Nouvelles armes de nouveau Jupiter).
Les mousquetaires ont joué un rôle particulièrement brillant et glorieux : « Ils donnèrent, a dit Pellisson, des preuves d'une valeur extrême; on n'en vit jamais reculer un seul, et il en fut tué un grand nombre. » Leur histoire a été retracée par Le Thueux, instituteur au Corps des Cadets de Saint-Pétersbourg, dans ses Essais historiques sur les deux compagnies de Mousquetaires du Roi de France (La Haye, 1778, 2 volumes in-12), avec références aux Mémoires de Puységur, et de Villars, au journal de Bassompierre, aux Histoires de Dupleix, de Louis XIV par Quinci, et du comte de Saxe. Une trilogie célèbre d'Alexandre Dumas père (Les Trois Mousquetaires, Vingt ans après, Le Vicomte de Bragelonne) n'a pas peu contribué à rendre leur nom populaire et à faire de D'Artagnan, d'Athos, de Porthos et d'Aramis des héros extraordinaires aux plus étourdissantes aventures. Il serait bien superflu d'explorer un pareil terrain d'imagination et de fantaisie. Contentons-nous, dans ces recherches d'érudition, d'établir que le Périgord peut se faire gloire de personnages très authentiques.
Deux revues ou « montres conservées aux Manuscrits de la Bibliothèque nationale citent beaucoup de noms en 1665 et 1667, au temps de D'Artagnan. Notons simplement ceux de Henry et Jacques de Villebois, Charles de Vandière, Florimont de Remond, Alexandre de La Force, René du Deffais, Pierre de Rochefort, François de Cerval, Philippe de La Chapelle, Joseph de Nantiat, Pierre de Mareuil, Malet, brigadier, Du Lau, Jauvelle.
Arrêtons-nous un instant sur le marquis Pierre-Joseph Chapelle de Jumilhac, car il fut l'un des vainqueurs de Fontenoy et commanda trente années la première compagnie des Mousquetaires. A l'âge de vingt-sept ans, il avait acheté, le 28 avril 1719, moyennant le prix de 75.000 livres, une cornette dans cette compagnie et participé à la guerre d'Espagne. Premier sous-lieutenant des mousquetaires, il commanda le détachement d'Allemagne en 1734 : au siège de Philisbourg il mena, presque tous les jours, nombre de ces Messieurs à la tranchée.
En 1733, se trouvant à Compiègne avec le Roi, il demanda à Sa Majesté l'honneur de souper avec elle. Après l'examen et le rapport que le marquis avait la naissance requise, cette faveur lui fut accordée. Peu de temps après son mariage, sa femme Françoise-Armande de Menou, fut présentée à la Cour. Le Roi la salua à la joue dans son cabinet. Elle eut le traitement ordinaire chez la Reine, Monseigneur le Dauphin et Mesdames de France. Elle mangea ensuite avec la Reine et monta dans ses carrosses, à la revue des grenadiers de France, à Compiègne, en 1750. Elle en avait été avisée, le 7 juillet, par le billet suivant de la duchesse de Luynes, dame d'honneur :
« Je viens, Madame, de parler à la Reine de ce qui vous regarde, et Sa Majesté a décidé que, mangeant avec Elle, vous auriez le droit de monter dans ses carrosses. J'aurai attention de vous en faire profiter à la première occasion, etc. »
En 1736, Jumilhac succédait à Louis de Bannes, comte d'Avejan, comme capitaine-lieutenant des mousquetaires, dans la place qu'avaient médiatement occupée Maupertuis et d'Artagnan, et payait à la veuve de son prédécesseur un brevet de retenue de cent mille livres. Sa Majesté lui faisait don de 40.000 sur le prix de la charge de cornette achetée à 70.000 par le comte de Champignol, et il paya de ses deniers 60.000. Il se trouva aux batailles de Fontenoy et de Lawfeld, aux sièges de Menin, d'Ypres, de Fribourg, de Tournay et d'Anvers il commandait à Oudenarde et recevait les officiers d'otage qu'il envoya au maréchal de Saxe. Il conservait dans le trésor du château de Jumilhac sept drapeaux et sept étendards, qui lui appartenaient chaque fois que le Roi en fournissait de nouveaux à la première compagnie des Mousquetaires, lorsqu'il leur a accordé des soubrevestes et casaques neuves (années 1738, 1742, 1745, 1748, 1752, 1757 et 1763).
En 1748, il fit entrer aux Mousquetaires son fils Pierre-Marie, âgé de treize ans un jour. Celui-ci en sortit le 20 novembre 1751 et, n'ayant pas encore dix-sept ans, passa colonel aux Grenadiers de France; il fut promu lieutenant-général en 1784.
La première compagnie se trouvait logée à Paris, 15, rue du Bac, et, à partir de 1659, au marché de Boulainvilliers, halle Barbier, dans le quadrilatère formé par les rues du Bac, de Beaune, de Verneuil et Bourbon (rue de Lille actuelle).
Dans nos études sur le Périgord militaire, nous avons fait état d'un certain nombre de mousquetaires qui obtinrent par la suite les grades de maréchal de France, de lieutenant-général, de maréchal de camp et de brigadier des armées du Roi. Rappelons ici, par date d'incorporation aux deux compagnies de Mousquetaires, les noms de ces officiers généraux et de ces brigadiers :
1677. — Henry de Hautefort, comte de Bruzac, lieutenant-général en 1718.
1681. — Charles-Armand de Gontaut, duc de Biron, lieutenant-général en 1704, maréchal de France en 1734, mort en 1756.
1699. — Charles-Nicolas de Hautefort de Saint-Chamans, enseigne aux Mousquetaires noirs, sous-lieutenant en 1703, maréchal de camp en 1709, mort en 1712.
1700. — François du Mas de Paysac, brigadier d'infanterie en 1734, mort en 1741.
1702. — Jean-Nicolas de Ferrières, marquis de Sauvebœuf, brigadier d'infanterie en 1710, tué au siège de Barcelone en 1714.
1704. — Gabriel-Jacques de Fénelon, ambassadeur en 1724, lieutenant-général en 1738, tué à Raucoux.
1705. — Henry-François de Ségur, lieutenant-général en 1738, père du maréchal.
1705. — Marc-Antoine-Front de Saint-Aulaire, marquis de Lanmary, lieutenant-général en 1748.
1711. — Charles-Philippe de Pons Saint-Maurice, lieutenant-général en 1748.
1715. — René de Galard Béarn-Brassac, lieutenant-général en 1759,
1728. — Ch.-Ant. Armand de Gontaut-Bïron, lieutenant-général en 1748.
1731. — Louis Chapt de Rastignac, de Puyguilhem (Villars), brigadier de dragons en 1780.
1735. — Alexandre de Lostanges Sainte-Alvère, maréchal de camp en 1770.
1736. — Arnaud-Louis de Losanges Sainte-Alvère, maréchal de camp en 1761.
1737. — Pierre-Lucien Chapelle de Jumilhac, maréchal de camp en 1770.
1742. — François, vicomte de Foucauld, de la Renaudie, maréchal de camp en 1784.
1742. — Louis-Raphaël-Lucrèce de Fayolle, comte de Mellet de Neuvic, maréchal de camp en 1780.
1748. — Jean de Saint-Exupéry, du Fraisse, brigadier de cavalerie en 1780, maréchal de camp en 1784.
1748. — Pierre-Marie comte de Jumillhac, brigadier d'infanterie en 1762, lieutenant-général en 1784.
1749. — Jacques-Gabriel Chapt de Rastignac, de Puyguilhem (Villars), maréchal de camp en 1784, lieutenant-général en 1816.
1752. — Jean-Baptiste comte du Lau, de la Côte (Biras), présenté par M. de la Coste son grand-père et M. le curé de Saint-Sulpice son oncle. Sorti des Mousquetaires le 7 juin 1753. Maréchal de camp en 1780, lieutenant-général honoraire en 1814, mort en 1818.
28 Février 1753. — Charles-Gratien de Bonneguise, de Badefol-d'Ans, brigadier d'infanterie en 1780, mort à Paris, dernier mâle de la maison de Bonneguise.
1756. — Alexandre-Guillaume de Galard-Béarn-Brassac, maréchal de camp en 1788.
1761. — Philibert marquis de Fumel, de Lisle, sorti pour une cornette aux chevau-légers de la Garde le 4 juin 1767, Maréchal de camp en 1780.
1762. — Jean-Laurent de Durfort-Civrac, de Lamothe-Montravel, né le 7 juillet 1746, admis sur présentation de son père ambassadeur près du Roi des Deux-SiciIes et exempté par Sa Majesté des quatre mois qui lui manquaient pour avoir l'âge requis. Brigadier des armées en 1781, maréchal de camp en 1788, lieutenant-général honoraire en 1814, mort en 1826.
1763. — Jacques-Gabriel Chapt de Rastignac, de PuyguiIhem (Villars), sorti des Mousquetaires le 12 avril 1770. Maréchal de camp en 1791.
1763. — Joseph-Louis de Saint-Chamans, né à Pazayac en 1747, brigadier d'infanterie en 1724, mort en 1785.
1770. — Abraham-Frédéric de Hautefort, né en 1748, sorti comme capitaine de dragons. Maréchal de camp en 1788. Guillotiné à Paris avec sa femme en 1794.
Plusieurs membres de la famille de Cugnac ont servi dans les Mousquetaires. Le Nobiliaire universel de France indique en 1675 Louis-Christophe de Cugnac, marquis de Giversac, seigneur de Sermet, Saint-Pompon et Loubejac de 1676 à 1681, Antoine-François de Cugnac qui forma la branche de Peyrille en 1742, Antoine-François, IIe du nom, qui fit la campagne de 1745 et se battit à Fontenoy, épousa en 1752 Suzanne-Elisabeth de Lostanges de Sainte-AIvère et mourut au château de Sermet en 1779.
En 1712, Jean Mesmer, maréchal des logis des Mousquetaires gris, figura comme parrain dans un baptême à Saint-Martin-de-Fressengeas.
Vers 1742, nous trouvons Pierre de Teyssières, né à Sarrazac, le 23 juillet 1719, fils de Jacques, écuyer, seigneur de la Chèze, et d'Isabeau de Fayolle. Il mourut à Metz en 1744.
Tout dénombrement des Mousquetaires à ces époques lointaines se heurterait à des difficultés insurmontables. Nous ne prétendons pas épuiser le sujet.
On est mieux renseigné sur la composition de la première compagnie des Mousquetaires à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Sur les contrôles officiels que possède le Ministère de la Guerre, pour la première compagnie, de 1750 à 1775, nous avons relevé les noms suivants auxquels nous joignons quelques mentions complémentaires :
5 mai 1750
Jean, vicomte de Saint-Exupéry de Fleurac, de Périgueux, cousin du doyen de Notre-Dame.
Sorti par mauvaise santé, 13 août 1751.
15 mai 1750
Joseph Goudin de la Roussie, de Sarlat.
Sorti pour une cornette dans le régiment d'Apchon-dragons, 16 avril 1757.
25 mai 1750
Henry-Marie de Ségur, de Paris.
Sorti, 20 mars 1760.
6 juin 1750
De la Farge de Malet, page du Roi de la Grande Ecurie. Renvoyé, 15 mai 1751.
15 juin 1751
Louis-François Delpy, né à Périgueux le 24 février 1737, fils de Jacques, seigneur de Chambuliat, la Roche, conseiller au parlement de Bordeaux.
Sorti, 9 avril 1768.
1er janvier 1752
Louis-Jean-Baptiste Chapelle, comte de Saint-Jean de Jumilhac, fils du frère aîné de l'archevêque d'Arles et neveu à la mode de Bretagne du marquis de Jumilhac capitaine-lieutenant de la compagnie.
Congé, 31 août 1760.
18 août 1752
Comte de Cubjac de Jumilhac, cousin du capitaine-lieutenant de la compagnie.
N'a pas joint.
3 juillet 1753
Nicolas Chabans de Richemont, ancien page du Roi de la Petite écurie pendant trois ans.
N'a pas joint. Oté du rôle, février 1757.
12 août 1753
Marc de Brochard, de Périgueux, présenté par M. de Lambert, ancien mousquetaire.
D'après une note de M. Eugène Roux, Marc de Brochard, seigneur de la Gourdonnie, fils de Marc et de Marguerite Aublant, épousa Louise-Marguerite de Taillefer et mourut le 23 octobre 1781, à l'âge de 47 ans.
7 décembre 1753
Guillaume-Alexandre de Galard de Brassac de Nadaillac. Sorti, 25 septembre 1756. Mort aide-de-camp auprès de Monsieur son oncle.
21 juin 1754
Marquis de Lanmary, présenté par son père.
8 août 1755
Chalu Ferou, de Périgord. Lire De Chalup de Fareyrou.
N'a pas joint. Sorti en décembre 1755.
10 septembre 1755
Armand-Chartes-Emmanuet comte d'Hautefort.
Sorti, 26 janvier 1759.
15 février 1756
Joseph de Martin de Jaillac, né le 30 avril 1737, à Périgueux, paroisse de Saint-Front, fils de Michel et de dame Suzanne Pay-Tureaux, dame de JaIIaconières.
Sorti, 17 mai 1772.
21 avril 1756
Galard de Brassac.
Sorti, 6 janvier 1760.
2 juillet 1756
Pierre de Teyssières, sortant des pages de la Reine, présenté par le marquis de Jumilhac.
N'a pas joint. Rayé en mai 1758.
3 juillet 1758
De Pourquery de la Bigotie.
N'a pas joint.
4 janvier 1759
Jean de Vassal de Solvignac, né le 5 mars 1740 sur la paroisse de Vézac, près Sarlat.
N'a pas joint.
31 août 1760
Louis-Mathieu-Benoît, chevalier puis baron de Fumel de Montsegur, né à Liste le 23 mars 1744, fils de Henry, marquis de Fumel et de dame Charlotte Berlin, présenté par sa tante, comtesse de Jumilhac.
Colonel du régiment d'Artois cavalerie. Brigadier des armées du Roi. Maréchal-des-logis à l'armée de Condé. Mort en Allemagne pendant l'émigration.
14 juillet 1763
Antoine-Louis d'Abzac de Mayac, né à Tours le 22 septembre 1747.
Sorti 15 janvier 1765.
25 avril 1766
Louis de Conan, né au château de Montbrun, diocèse de Limoges, le 30 juillet 1749, fils d'Alexis et de Marie de Campniac.
Sorti, mai 1768.
6 avril 1767
Jean-Guy Grand de Bellussières, né à Berneuil en Saintonge, le 21 novembre 1745, fils de Guy et de Marie Restier. Sorti, mars 1768.
Camain.
7 juin 1768
François du Reclus de Gageac, né à Périgueux le 7 mai 1748, fils d'Elie, seigneur de Saint-Mayme de l'Espinasse, et et de Marie-Elisabeth Roche.
Mort à Paris, mars 1792.
6 juin 1769
Jean-Augustin de Cazenave, né à Saint-Pierre de Montpeyroux, le 24 août 1750.
Supprimé avec la compagnie en 1775.
24 mars 1770
Pierre-Michel de Lambertye.
Sorti, 4 juillet 1772.
2 novembre 1770
Moreau de Montjulien de Villejalet.
N'a pas paru.
28 septembre 1771
François-Hilaire de Bérail, né à Mazerolles (Rouergue), fils de François-Benoit.
Commissionné capitaine en 1772 et supprimé avee la compagnie en 1775.
27 septembre 1771
Claude-François de Malet, né à Dôle (Franche-Comté), le 28 juin 1754, de Jean, chevalier de l'Ordre royal de SaintLouis, capitaine an régiment de Beauvilliers-cavalerie, et de Gabrielle Sebrie. Présenté par M. de Valdahon, sous-aide major de la compagnie.
Supprimé avec la compagnie le 15 décembre 1775. Se retira à Dôle avec le rang de lieutenant et y épousa, le 9 janvier 1788, demoiselle Denise de Balay, demeurant à Arbois.
Fit partie de la députation du Jura à la fête de la Fédération au Champ de Mars, le 14 juillet 1790. Chef des gardes nationales du Jura. Commissionné capitaine, 1er juin 1791. Aide-de-camp du général de Hesse, 1er août 1791; du général de Broglie, 9 janvier 1792. Capitaine au 50e régiment d'infanterie, 25 mars 1792. Adjoint aux adjudants généraux, 1er mai 1792. Adjudant général chef de bataillon, 20 mai 1793. Non compris dans la nouvelle organisation de l'armée, 15 juin 1795. Adjudant général chef de brigade, 10 avril 1796. Elu député du Jura, mais éliminé le 11 mai 1798. Promu général de brigade par le général en chef de l'armée des Alpes (Championnet), 13 août 1799; promotion sanctionnée par arrêté directorial du 13 septembre de la même année. Commandant du département de la Gironde, 5 octobre 1801. Employé, sur sa demande, dans la 20e division et envoyé à Périgueux, 24 avril 1802, puis à Angoulême, probablement au mois de juillet suivant passé en Vendée, juillet 1804. Affecté à l'armée d'Italie (division Séras), août 1805.
Condamné à mort, à l'unanimité, le 29 octobre 1812, par la Commission militaire de Paris pour crime contre la sûreté intérieure de l'Etat, par un attentat ayant pour but de détruire le gouvernement et l'ordre de successibilîté au trône et d'exciter les citoyens ou habitants à s'armer contre l'autorité impériale. Exécuté à la barrière de Grenelle, le même jour, et inhumé au cimetière de Clamart. Le 9 novembre 1814, sa veuve obtint une pension de 3.000 fr. avec une indemnité de même somme. Son fils Aristide, né à Besançon le 1er janvier 1798, chevau-léger de la Garde du Roi en 1815, capitaine aux Chasseurs de la Garde royale en 1823, chef d'escadrons au 9e Chasseurs en 1840, fut retraité en 1852.
9 mai 1772
Joachim de Chalup, né à Périgueux, le 6 juin 1767, fils de Pierre-Ignace, chevalier de Saint-Louis, et de Jeanne Autier du Challe.
Supprimé avec la compagnie en 1775.
27 mars 1773
Marc Jammes Dumourier, né à Liorac, le 1er janvier 1754, fils d'Antoine et de Marie Vauqueane.
Sorti, 2 juin 1774.
1er février 1774.
Felets.
Supprimé avec la compagnie en 1775.
6 février 1774
Denis-François Aubin du Tranchard, né à Gouts, le 4 août 1756, fils de Léonard Aubin, ëcuyer, sieur de Jorias, gendarme de la Garde, et de Marguerite de Vars.
Supprimé avec la compagnie en 1775. A bien servi.
La deuxième compagnie avait des chevaux noirs d'où le nom de Mousquetaires noirs donné aux militaires de cette compagnie qui, constituée tout d'abord pour la garde particulière de Mazarin, fut donnée au Roi en 1660 ou 1665 et s'établit plus tard au faubourg Saint-Antoine, dans un quartier construit aux frais de la ville de Paris en échange des terrains de la place Vendôme.
Depuis le mois de mai 1674 jusqu'au 1er juin 1692, elle fut commandée par le capitaine Henry de Hautefaye, marquis de Jauvelle, lieutenant-général des armées de Louis XIV, dont nous avons esquissé la biographie, et qui fut le héros des sièges de Condé, Valenciennes, Cassel, Cambrai, Gand, Ypres, Mons, Namur et autres places. Mestre de camp de cavalerie, le marquis de Jauvelle avait été nommé sous-lieutenant des Mousquetaires noirs, le 6 mars 1672 il en devint le capitaine-lieutenant, le 2 mai 1674, sur la démission du comte François de Montberon, et la commanda jusqu'à sa mort.
Le contrôle de la deuxième compagnie des Mousquetaires, resté chez le commandant de la compagnie, M. de Monboissier, ne se trouve pas aux archives du Ministère de la Guerre. Ne pouvant, par suite, dresser aucune énumération suivie, nous devons nous borner à quelques noms.
C'est à cette compagnie qu'ont appartenu notamment Henri-Joseph de Ségur, né en 1661, fils d'Isaac de Ségur, lui-même mousquetaire presque dès l'enfance, blessé et trépané, et de Marie de Taillefer de Roussille. On l'appelait le beau Ségur, le beau Mousquetaire jouant du luth. Il avait été fréquemment blessé et avait subi l'amputation d'une jambe; mais à soixante-quinze ans, il était beau et bien fait encore, si l'on en croit Saint-Simon, qui a conté son aventure à Nemours avec une abbesse. Il fut le grand-père du maréchal de Ségur.
Jean-François Du Cluzel, seigneur du Biarneyx, décédé au château de la Chabrerie et dont on peut voir le tombeau dans l'église de Preyssac d'Agonac, à gauche du maître-autel, dans une chapelle où nous avons relevé l'épitaphe :
« In memoriâ æterna erit Justus. Ici repose Messire François Ducluzel de la Chabrerie du But mestre de camp, ancien officier des Mousquetaires de la Garde du Roi, chevalier de l'Ordre de Saint-Louis. Plein de religion, rare modèle de toutes les vertus, il rendit son âme à Dieu le 11 novembre 1788, dans la 87e année de son âge. Il voulut être enterré en ce lieu au milieu des pauvres dont il avait été le père. Passant, respectez sa tombe et priez pour lui. Requiescat in pace ! »
L'acte mortuaire aux archives communales de, Château-l'Evèque enregistre que les sieurs Gomondie, archiprêtre de Valeuil, Borredon, Moutardier, chanoines réguliers de Chancelade, le R. P. Silain de l'Ordre de Saint-Dominique, et Manière, curé de Pressac, ont assisté au convoi.
Jean-François de la Cropte de Bourzac, ensuite colonel en second de la légion de Maillebois, émigré en 1791, mort en 1804.
Henri-Joseph de Bourdeille, né en 1745, mousquetaire à vingt ans, plus tard capitaine de cavalerie avec rang de mestre de camp.
Probablement Elie-Noél de Flageat, né à Périgueux, émigré en 1791.
En exécution de l'ordonnance royale du 15 décembre 1775, les deux compagnies de Mousquetaires furent licenciées le 23 du même mois.
Elles reparurent avec la Première Restauration, en 1814, commandées l'une par le comte de Nansouty et l'autre par le marquis de La Grange. Sur leurs contrôles ont été inscrits MM. de Beaumont, de Grézel, Henri-Armand de Ribeyreys (né en 1754), les comtes de Fumel et de Rastignac. Elles furent définitivement supprimées par ordonnance du 17 octobre 1815 et cessèrent de servir le 1er janvier 1816.
Source : Le Périgord militaire, de Joseph Durieux.