L'ancienne paroisse de Teyjat

 La commune de Teyjat est bornée au nord, par celle de Soudat à l'est, par les communes d'Etouars et du Bourdeix; au sud et à l'ouest, par celles de Javerlhac et de Varaignes. Son terrain, granitique au nord, est en majeure partie en calcaire de première formation, avec des collines de 198, 201, 206, 217, 226 et 230 mètres d'altitude. Il contient les bourg, villages, hameaux et lieux ci-après :


« Lauterie, Le Châtelard, Laborie, Le Bouchage, Malibas, Vaubrunet, Brognac, Boueyre, Bos-Bernard, Teyjat, Beaumont, Chauffour, Le Forestier, Laronde, Laudonie, Cailleau, Le Mège, Chez-Gourjon, Boisseuil. »

La population a été successivement : En 1365, de 78 habitants pour treize feux; en 1804, pour 130 maisons, 784 habitants en 1852, de 792; 1856, de 841; 1861, de 794; 1866, de 755; 1872, de 733 ; 1876, de 776; en 1881, de 754.

Cette paroisse, dépendant de la châtellenie de Nontron, eut, dans le principe, le vicomte de Limoges pour seigneur suzerain, et elle dépendait de la justice du Bourdeix. Elle passa successivement, et à partir des premières années du XVe siècle, aux mains de la famille d'Escars et ensuite dans celles de Hélie de Pompadour, par le mariage du 1er mars 1536, de Geoffroy Hélie de Pompadour avec Suzanne d'Escars ou des Cars, fille de François, seigneur de Roussines, La Coussière, Varaignes et Teyjat; plus tard, elle fut vendue à M. de Lavie, ainsi qu'il a été constaté au chapitre de la commune du Bourdeix. Enfin et par contrat reçu Grolhier, notaire, le 25 décembre 1787, M. le comte de La Ramière, acquéreur verbal et fondé de pouvoir de M. Arnaud de Lavie, revendit la terre et seigneurie de Teyjat à dame Marie de Marcillac, veuve de M. Moreau, seigneur de Villejalet, sous la réserve de l'hommage au marquisat du Bourdeix.

Parmi les fiefs particuliers, nous relèverons les suivants :

1° Le Chatelard. — Ce fief appartenait, du XVe au XVIe siécle, à la famille de Chevreuse, qui, par actes des 11 et 23 juin 1562, consentirent à Poncet Hélie de Colonges, seigneur du Bourdeix, reconnaissances de rentes sur le mainement et moulin du Chatelard et sur le moulin de Teyjat. Suivant acte du 11 novembre 1584, reçu par le même notaire Jalanibat, partage entre le dit seigneur du Bourdeix et Annet de Chevreuse.

Par contrat du 22 août 1589., devant Fontaneau, notaire, Marthe de Chevreuse se maria avec Jean de SaintLaurent, écuyer, seigneur de Feuillade, et en eut Jean, né au Chatelard (Nadaud). Du 26 décembre 1590, reçu Masfrand, notaire, vente par Jacques de Chevreuse au seigneur du Bourdeix. Le 7 mars précédent, devant Fontaneau, cession de droits au dit seigneur par Jacques et Marthe de Chevreuse. Le 21 février 1619, par acte reçu Belliquet, notaire, revente du fief du Chatelard par le seigneur du Bourdeix, sous la réserve des cens, rentes et de l'hommage à Nicolas Gaultier, sr de Jomelières, écuyer. Du 5 juin 1660, vente par Hélie de Pompadour de Laurière, seigneur du Bourdeix, au dit Nicolas Gaultier de diverses rentes, sous la foi et hommage d'un oiseau serin des Canaries. De 1722 à 1741, le fief du Chatelard, appartenait à Annet Urtelle, et, en 1748, à Jean Pabot, sieur du Chatelard, dont les descendants le possèdent encore.

1° Vaubrunet. — Au XVIIe siècle, ce fief appartenait à une branche de la famille Labrousse de Nontron, d'après les documents suivants : Le 18 mars 1677, devant Jalanihat, procuration par Louis de Labrousse, sieur de Vaubrunet, comme exerçant les droits de Marie de Labrousse, sa femme, donataire de son père feu Etienne de Labrousse, sr de Mirebeau, à Joseph de Labrousse, sr de Brognac, son frère. Le 3 mai 1705, même notaire, cession par le même à Jean-Baptiste de Marendat, sr du Coussé, gendarme de la garde du Roi, habitant en sa maison noble du Coussé, paroisse de Varaignes. Du 2 avril 1718, partage de la succession du dit Louis entre ses deux filles et son fils Hélie de Labrousse, sr de Vaubrunet. Du 19 mars 1733, vente par le fondé de pouvoir de Mme de Pompadour de diverses rentes à Joseph de Labrousse, sr de Mirebeau, demeurant au lieu noble de Vaubrunet. Cet ancien fief appartient aujourd'hui à M. Perrot du chef de son aïeule, née de Labrousse.

3° Brognac. — A divers membres de la famille de Labrousse, parmi lesquels Jean de Labrousse. sr de Brognac, conseiller du Roi et vice-sénéchal du Périgord, parrain de Jean Ruben, d'après l'acte de baptême de celui-ci, passé à Nontron le 19 octobre 1636. — Du 13 juin 1652, inhumation de Martial de Labrousse, sieur de Brognac, vice-sénéchal du Périgord, en la chapelle de Notre-Dame de Nontron, ès-tombeaux de ses prédécesseurs. — Le 20 janvier 1688, inhumation dans la même chapelle de Joseph de Labrousse, sr de Brognac. — Le 13 juin 1711, mariage de Jean de Labrousse, sr de Brognac, avec Madeleine de Masfrand. — Le 19 juin 1787, vente de Brognac à Antoine Grellet, contrôleur de la monnaie à Limoges, par Benoît de Labrousse de Brognac et de demoiselle Françoise de Brie et par Jean de Labrousse, son fils aîné. Cette branche de la famille est encore représentée par M. de Labrousse-Brognac, propriétaire à Aurnont, commune de Savignac-de-Nontron.

4° Boisseuil. — A la même famille, suivant les actes ci-après : Du 24 mars 1708, devant Jalanihat, testament mutuel fait par Jean de Labrousse, sr de Boisseuil, et François de Labrousse, sr de Lavergne, gardes du corps du Roi, au moment de leur départ de Teyjat pour aller au service de Sa Majesté. Le 14 août 1716, ouverture de ce testament à la requête du dit Jean, en présence de dame Marguerite du Noble, leur mère, veuve d'autre François de Labrousse, sr de Boisseuil, Jean de Labrousse, sieur de Chaufour, messire Jean de Labrousse, docteur en théologie, curé de Souffreignac, Jean de Labrousse, sr de Laudonie, et Marie de Labrousse, veuve de Jean de Labrousse, sieur de Barouffières, frères et soeur. — Du 15 juillet 1735, appel d'une sentence de l'ordinaire de Nontron, à la requête de Jeanne Gaultier, demoiselle, veuve d'autre Jean de Labrousse, sr de Barouffières.

5° Laudonie. — Qualifié de repaire dans un acte de 1691 et qui appartenait en 1708 à Jean de Labrousse.

6° Le Forestier. — Dont le logis avec chapelle privée existe encore. Ce fief appartenait, au XVIe siècle, à la famille de Labrousse, de laquelle il passa à celle de Ruben, établie antérieurement dans la ville de Nontron, par suite du mariage de Jean Ruben avec Guillaumette de Labrousse, desquels provint Pierre Ruben, né et baptisé au dit Nontron, le 3 août 1597. Un autre Jean Ruben se maria avec Catherine de Labrousse, de laquelle il eut Louis, né et baptisé à Nontrou le 21 mars 1655. Plus tard et en 1684, Jean Ruben décéda au dit lieu du Forestier, après avoir, le 9 mai de cette année, devant Jalanihat, fait son testament, par lequel il déclare vouloir « Que son corps soit porté et enterré aux tombeaux de ses prédécesseurs, qui sont dans l'esglise des reverends pères cordelliers de la ville de Nontron et que ses héritiers donnent la somme de cinquante livres pour la réparation du dict couvent, à charge de quarante messes. » Enfin et le 3 juillet 1728, devant Boyer, vente d'une maison à Nontron par Joseph Ruben, habitant au Forestier, paroisse de Teyjat, à Marguerite Ruben, veuve du sieur Grolhier, ancien notaire à Nontron. Le Forestier appartient aujourd'hui à la famille Lidonne du chef des Basset-Desrivailles, dont un membre, François, figuré avec sa femme, Marie de Labrousse, dans un acte de partage, du 2 avril 1718, de la succession de Louis de Labrousse.

7° Beaumont. — A Pierre Bounython, en 1683; Pierre Cheyrade, sr de Beaumont, en 1692. Le 23 février 1748, Michel Cheyrade, sr de Beaumont, épousa Anne de Fornel. Plus tard, enfin, à la famille de Labrousse, qui se trouva ainsi, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, posséder une grande partie de la paroisse de Teyjat.

Passant du régime civil aux institutions religieuses, nous trouvons dans Nadaud :

« Teijat, cure de 810 communiants décimes, 190#; patron, saint Pierre-ès-Liens. L'évèque de Limoges y nommoit dès 1476. »

L'église romane, à deux nefs voûtées en pierre, est antérieure au testament de 1291, par lequel Bernard Ranulphi, seigneur de Javerlhac, légua une réfection de pain et de vin au chapelain de Teyjac (Teyjaco). On y remarque un autel dédié à saint Roch et devant lequel les mères de famille viennent en grande dévotion faire offrande à ce saint de leurs enfants atteints de maux d'entrailles, pour en obtenir la guérison. Une autre dévotion a lieu à une fontaine dite de Sainte-Marguerite et située sur la limite des communes e Teyjat et de Varaignes. On y de fort loin, nous a dit M. Mounier, curé actuel, pour boire de l'eau et demander à cette sainte la guérison des douleurs rhumatismales. Enfin, la fête votive a lieu le premier dimanche du mois d'août de chaque année.

Parmi les principaux curés des derniers siècles, nous relevons les suivants : En 1658, Puyarges; 1682, Etienne Bounitbon; 1688, André Pallot; 1699-1703, Etienne Jaubert; 1707, Jean de Labrousse; 1717, François-Antoine Salviat; 1730, Isaac Artiguye, licencié en Sorbonne, qui plaida en 1733-34 contre Jean Barrière, marchand de Nontron, fermier de la seigneurie du Bourdeix, en paiement d'une somme de 300# annuellement donnée par le seigneur de Pompadour, outre la moitié des fruits décimables de la paroisse, par transaction du 6 mars 1722 entre le dit seigneur et M. Salviat, alors curé. Joseph Nadaud, mort le 5 octobre 1775, fut aussi curé de Teyjat, où il écrivit la majeure partie de ses chroniques sur le Limousin, le Périgord et l'Angoumois, dont les manuscrits sont conservés au grand séminaire de Limoges.

Quant aux revenus de la cure, voici quel était, en sus du casuel, le produit annuel des dimes, d'après l'acte suivant, reçu Jalanihat, le 7 juillet 1717 :

« Aujourd'huy... au bourg de Teijat, en Périgord, et place publique du dit lieu. Pardevant nous, notaire royal. Ont estés presents Messire François-Anthoine Salviat, docteur en théologie, prestre, curé de la dite paroisse, y demeurant, lequel a affermé. les dismes du bled de la paroisse de la manière qui suit : Premièrement, le village du Cailleau a esté délivré à 35 sestiers de bled... a scavoir tiers froment, tiers bonne mesture, tiers advoine, sept boisseaux pour quatre et un boisseau bled d'Espaigne, bon et marchand et permis à M. le curé de faire vaner le dit bled audevant de sa porte, en cas qu'il ne fut marchand, aux despens des dits fermiers. Plus le village de Forestier... pour 33 sestiers dans les mesmes proportions et deux boisseaux de bled d'Espaigne aux mesmes conditions. Plus le village du Chastelard... pour 26 sestiers et deux boisseaux de bled d'Espaignes aux dites conditions. Plus Vaubrunet et Malibas... pour 25 sestiers, comme dessus. Plus Bosbernard et Larondet... pour 16 sestiers deux boisseaux, comme dessus. Beaumont... pour 25 sestiers, comme dessus. Brogniat... pour 15 sestiers et rm sestibr de bled d'Espaigne, comme dessus. Chaufour... donné a lever au boisseau les dits bleds comme dessus. Boischeuil. donné a lever au boisseau comme dessus. Boyret... pour 2.5 sestiers et deux boisseaux de bled d'Espaigne comme ci-dessus. Le dit bled livrable pour le plus tard a Nostre-Dame de septembre. »

Le 7 juillet 1717, par autre acte, afferme par le même : « Des dismes des vins, layne, chanvre et lin, moyennant le prix et somme de soixante livres par année... »

Par trois autres actes du 20 juin 1723, même notaire, afferme par le dit curé « de toutes les dismes tant de bled que de vin, chanvre, layne et toutes autres sur le village de Brogniat. pour la somme annuelle de 160#... » Des dismes du Forestier pour 300#. Et des dismes de tous les autres villages s'élevant à 239 sestiers de bled... « A partager par moitié entre le curé et le seigneur de Pompadour, sous la réserve m. de 300# que celui-ci s'est engagé à payer annuellement au premier, par transaction du 6 mars 1722, reçue Danède, notaire à Nontron, sur procès pendant en la Cour de Bordeaux et de toutes les dismes de vin adjugées, il y a longtemps, à lui et à son prédécesseur. »

Terminons maintenant ce chapitre en signalant, parmi les curiosités du sol : 1° Dans le terrain calcaire et près de l'église une grotte à cristallisation; 2° au nord de la commune, sur le terrain granitique, entre Chatelard et Vaubrunet, un demi-dolmen, désigné ainsi qu'il suit par nos savants confrères, MM. Philippe de Bosredon et A. de Roumejoux, dans le Bulletin de la Société historique du Périgord, de 1877 et 1879 :

« Commune de Teyjat — Dolmen renversé près du Chatelard. (G. de Mortillet, d'après de Gourgues.) »

« Demi-dolmen de Teyjat. Ce demi-dolmen, dit Pierre plate, est en granit du pays et placé dans une vigne appartenant à M. Féraud. Il a 1m82 de longueur, 1m55 de largeur et 6m35 de hauteur. Le cercle qui figure au centre est-il primitif ? Aux alentours, on trouve des fragments de silex travaillés. »

Source : Monographie de la ville et du canton de Bussière-Badil, de Pierre-Henri Ribault de Laugardière.

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