Le domaine du Chambon

 L'heure est venue de rappeler au souvenir moustérien son site le plus unique : le Chambon, qui donna son nom aux gorges du Chambon et sa petite vallée agréable au bord de la Tardoire, parfois surnommée la « petite Suisse charentaise ».

Introduction

Le château et domaine du Chambon avec son moulin à Eymouthiers-Ferrier était un fief noble avant la Révolution française qui relevait de la châtellenie de Varaignes pour la justice, et de l'élection de Périgueux pour les impôts au XVIIIe siècle.

Il était situé dans la paroisse d'Eymouthiers-Ferrier en Périgord, et l'église Saint-Pierre de cette paroisse rattachée au diocèse de Limoges desservait le village du Chambon, ses châtelains, ses domestiques, ses métayers, ses meuniers.

La famille de La Porte

Le premier seigneur du Chambon identifié est noble Jean de La Porte, écuyer, seigneur de Champniers. Il est connu par le contrat de mariage de sa sœur, en l'an 1477.

Le domaine du Chambon sortit du giron de la famille de La Porte en même temps que la seigneurie de Champniers, à l'occasion du mariage de Marie de La Porte par contrat du 7 août 1579, avec noble Jacques de Pons, écuyer, seigneur de Mirambeau.

La famille du Lau

Leur fille Henriette de Pons, épousa par contrat du 6 décembre 1611, noble Henri du Lau, écuyer, seigneur de Cellettes. Elle lui apporta la seigneurie de Champniers, ainsi que... le Chambon.

Fils des précédents, Armand du Lau dit Chambon, officier au service du prince de Condé, était colonel au régiment d'Enghien et gouverneur de la ville de Saintes pendant l'épisode de la Fronde.

Son neveu Monsieur de Saint-Junien et du Chambon est le gentilhomme d'Eymouthiers-Ferrier couché sur le rôle de la noblesse du Périgord et inscrit au Grand Armorial de France d'Hozier en 1696.

Par contrat du 8 mars 1678, il épousa Thérèse Delage, fille d'un homme de loi du village de Maudeuil.

En 1693, Marie de Grimoard lui abandonna tous ses droits sur la maison et seigneurie du Chambon, ainsi que les fiefs et arrière-fiefs dépendants de ladite seigneurie.

De leur union naquit Henri du Lau, écuyer, seigneur du Chambon, né et décédé à Eymouthiers-Ferrier.

En 1726, il avait épousé Anne de Ribeyreix, fille du baron de Courbefy en Limousin.

De leur union naquit Armand-Joseph du Lau, écuyer, maréchal des camps et armées du roi, marié deux fois, en premières noces à la fille du marquis d'Eschoisy lieutenant de roi à Angoulême, et en deuxièmes noces à la fille d'un maître des requêtes à Paris.

Blessé à la bataille de Kloster Kampen pendant la guerre de Sept Ans, il fut nommé chevalier de Saint-Louis.

Il s'installa à Paris après le décès de sa première femme en 1767.

De 1769 à 1772, Antoine Bernard, sieur de Lajartre, fermier ou régisseur, venu de Bussière-Badil, s'installe au château du Chambon avec sa famille.

Le 15 septembre 1777, Augustine-Jeanne Lhoste de Beaulieu, sous le nom de marquise Dulau-du-Chambon, fut présentée par la comtesse de Noailles à la famille royale et Louis XVI au château de Versailles.

Avant 1779 eut lieu la vente du Chambon à Pierre Fargeas, sieur de Beaulieu. Le marquis du Lau du Chambon vendeur conserva uniquement le nom et resta à Paris où il décèda le 19 septembre 1818, dans le 7e arrondissement.

Par conséquent le Chambon resta dans la famille du Lau pendant deux siècles. Ses armes étaient : d'or à un chêne de sinople, un lion de gueules passant au pied de l'arbre, et une bordure d'argent chargée de tourteaux d'azur sans nombre.

La famille Fargeas

Pierre Fargeas, sieur de Beaulieu, l'acquéreur décéda quant à lui peu de temps après et sans postérité de son mariage avec Marie Menesplier, qui veuve se remaria en 1785 avec Jean-Baptiste Lonlaigne, maître de forges à Javerlhac.

La propriété revint à un neveu, Etienne Fargeas-Lamotte, avocat, maire d'Eymouthiers-Ferrier, député de la Charente à l'Assemblée législative en 1791 sous le nom de Lamotte-du-Chambon.

Il eut une fille Françoise-Marie-Emilie Fargeas-Lamotte, mariée à Pierre Robin, médecin à Angoulême, et un fils célibataire, Jean Fargeas-Duchambon, plusieurs fois maire et membre du conseil municipal d'Eymouthiers-Ferrier, juge de paix du canton de Montbron, mort en 1859.

Une petite-fille Marie-Antoinette Robin, mariée à Simon-Joseph Meaudre-Dassit, chevalier de la Légion d'honneur, hérita du domaine du Chambon.

Aujourd'hui

La maison de maître actuelle a été édifiée par la famille Fargeas-Lamotte au XIXe siècle. Seul le pavillon couvert en pyramide renvoie peut-être encore à l'ancien château.

Le Chambon appartient au Conseil départemental de la Charente depuis 1967, acteur de sa transformation en centre de loisirs majeur avec tous les équipements : camping tout confort, étangs artificiels, installations sportives, parcours de randonnée... etc.

Les premiers épisodes de la série télévisée à succès Camping Paradis ont été filmés en partie au camping Les Gorges du Chambon en 2007 sur la base de loisirs gérée par la collectivité territoriale.

Le lieu très touristique avant la crise sanitaire est devenu par ailleurs une étape incontournable dans le circuit régional vélo et randonnée.

Annexe 1.

Ils sont nés et décédés au château du Chambon !

Naissances au château du Chambon : — (28 septembre 1756 Eymouthiers-Ferrier, 9 octobre 1825 Changé), Claudine-Césarine-Marie du Lau du Chambon, noble, pensionnaire de la Maison royale de Saint-Louis. — (14 janvier 1769 Eymouthiers-Ferrier, 5 avril 1833 Limoges), Marie Bernard de Lajartre, religieuse, sœur de chœur aux Visitandines de La Rochefoucauld.

Décès au château du Chambon : 12/09/1713, Armand du Lau, écuyer, seigneur du Chambon, âgé de 58 ans ; 29/12/1716, Antoine de Clavière, capitaine au régiment des Invalides, âgé de 33 ans ; 07/04/1767, Marie-Magdelaine-Marguerite-Suzanne-Charlotte de Lesmerie, âgée de 30 ans ; 13/10/1779, Pierre Fargeas, sieur de Beaulieu et du Chambon, âgé de 55 ans.

Annexe 2.

Ils ont travaillé au château du Chambon !

Léonard Bardy dit Saint-Jean, domestique (07/07/1767), métayer à la métairie du Chambon (25/12/1788). — Nicolas Besson et Jeanne Chabroulaud, mariés, tous deux domestiques (22/02/1772). — Léonard Deplas, meunier au moulin du Chambon (22/07/1784).

Annexe 3.

Deux documents d'époque. — La carte de Cassini et l'armorial d'Hozier.

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Annexe 4.

Les premiers randonneurs. — Randonnée du 29 juillet 1934, rapportée dans le journal La Charente et son édition du 10 août 1934.

« De Saint-Mathieu à Maisonnais, route goudronnée, roulante à souhait, alors qu'après cette localité et jusqu'à Ecuras, plus loin ensuite, dans la la vallée du Chambon, ils eurent des chemins rudes, tortueux, sinueux, en tire-bouchons. Au Chambon, après une descente impressionnante, sur cette belle vallée de la Tardoire, un pont retint un grand moment leur attention. Ce furent surtout les gorges du Chambon qui, par leur aspect inattendu et pittoresque, firent impression sur eux. C'est que, d'un côte sont des promontoires boisés fort curieux, leurs sommets d'un vert éclatant semblent avoir été tondus en forme de boule ; alors qu'un peu partout, à droite et à gauche de la rivière, bordant les pentes, sont des espaces brûlés par le soleil ! Ce sont aussi, formant contraste, des pins au feuillage vert sombre, des châtaigniers plus clairs, des prés, des haies, peu ou pas de roches. C'est surtout pour l'ensemble que les gorges du Chambon valent d'être visitées. Que dire de la Tardoire ? En ce lieu, son fond noirâtre donne l'illusion que les eaux sont de teinte brune, alors qu'en réalité, elles sont claires et limpides. En aval et en amont du pont, des truites, en chasse, sautaient au-dessus des eaux miroitantes. »

Source : Un lieu, une histoire à Eymouthiers-Ferrier (Charente), de Julien Roland.

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