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Le séminaire d'Angoulême avant la Révolution

 Dans sa lettre circulaire du 1er janvier 1770, M. Antoine Jacquier dénonce ce... « temps malheureux, où le christianisme semble avoir disparu avec ceux qui nous ont précédés, où le monde ne respecte plus ni préceptes ni évangile, où chacun s'érige en arbitre des mystères et des lois, de la morale et du dogme, où la foi presque entièrement éteinte, la charité presque universellement refroidie, l'esprit de pénitence presque généralement ou méprisé ou inconnu, n'offrent plus à nos yeux que des chrétiens sans mœurs, sans âme, sans vie, où enfin les scandales qui, se multiplient, la dépravation des mœurs qui augmente, l'incrédulité et le libertinage qui triomphent, nous annoncent, d'une manière qui n'est que trop sensible, ce mystère d'iniquité redouté par nos pères et prédit par saint Paul » (Circ., II, 67). Il ne faut pas généraliser, mais ce qu'écrit Rosset, l'historien du grand séminaire d'Angoulême, à propos de la triste affaire Mioulle, qui se passa le 19 juillet 1779, mérite cependant d’être cité, car la situation qu'il dénonce, n'était pas un fait unique. « Tout le monde sait, dit-il, qu'à cette époque la situation du Clergé était loin d’être ce qu'elle est aujourd'hui. Le sacerdoce ne se recrutait pas, comme à présent, dans les rangs du peuple : un grand nombre de familles riches, séduites par l'appât des bénéfices, destinaient leurs cadets à l'état ecclésiastique sans se préoccuper beaucoup de la vocation de ces enfants. cette jeunesse élevée dans l'aisance et quelquefois dans le luxe, se souciait peu de mener, pendant plusieurs années la vie grave, régulière et studieuse des séminaires. On s'en faisait exempter le plus possible, et ceux qui se soumettaient à cette épreuve ne le faisaient qu'à contre-cœur. Souvent même, ils restaient toute leur vie dans les rangs inférieurs de la hiérarchie, plutôt que de passer par le séminaire ; et pour les faire consentir à recevoir les ordres sacrés, quand la nature de leurs bénéfices l’exigeait, il fallait user de contrainte. J'en ai remarqué de curieux exemples dans les archives du Chapitre d'Angoulême. D'autre part, il arrivait quelquefois que les Directeurs du Séminaire refusaient de recevoir ces abbés mondains, quand ils se présentaient aux ordres après une vie notoirement scandaleuse. Tout cela devait naturellement éveiller bien des antipathies et susciter bien des rancunes contre le Séminaire. C'est ce qui était arrivé à Angoulême où les cadets de la noblesse et de la magistrature possédaient presque tous les bénéfices et surtout les dignités et prébendes du Chapitre. En effet, les tapageurs, qui faisaient subit tant d'avanies au Séminaire, étaient précisément de jeunes chanoines, qui avaient plus de goût pour les amusements du monde que pour l'étude de la théologie, et qui désiraient, par dessus tout, échapper au joug de la discipline du Séminaire. Toutefois, ce n'étaient pas des enfants... L'abbé Mioulle, le plus jeune de tous avait vingt ans ; Marc-René Gandillaud du Chambon en avait vingt-quatre et n'était que minoré ; Jean Thierron en avait vingt-sept, et Henri de Maubué, encore simple diacre, en avait plus de quarante. Ce dernier, malgré son âge déjà avancé, parait avoir été le plus turbulent et le plus vicieux de la bande. Sa domestique, jeune personne de 25 ans, atteste dans sa déposition, qu'il sortait souvent la nuit, armé de pistolets, et qu'il allait rôder sur les boulevards avec de jeunes libertins. Pour être plus à leur aise dans leurs expéditions nocturnes et n'être pas reconnus, ces Messieurs avaient soin de quitter la. soutane et d'endosser un habit gris et de longues culottes et de se coiffer de chapeaux à larges bords rabattus presque sur les yeux. Quelques jeunes gens de la ville les accompagnaient ordinairement.. On se donnait rendez-vous sur la place de S.Martial ou sous l'ormeau des prisons, puis on s'avançait silencieusement jusque sous les murs du séminaire. Deux ou trois faisaient le guet, à l'entrée des rues adjacentes, et les autres commençaient l'attaque en criant : A Rochefort, les lazaristes t F... le camp, vilains gueux ! Nous ne voulons pas de Séminaire, etc... Et après beaucoup de tapage et de vitres cassées, on se dispersait en riant aux éclats... »

Source : Mémoire historique sur le séminaire d'Angoulême, d'Édouard Rosset.

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