La devise du maréchal de Soubise

1758. — Devise : « Roy ne puis, prince ne daigne, Rohan suit. »

Charles de Rohan, prince de Soubise, né le 15 juillet 1715, servit dans les mousquetaires, puis dans les gendarmes de la Garde il fut capitaine-lieutenant dans le même corps le 6 juillet 1734, sur la du prince Hercule-Mériadec de Rohan, son grand-père, auquel on conserva le commanment pendant six ans; Gouverneur et lieutenant général de Champagne et de Brie sur la démission du même prince de Rohan, le même jour 6 juillet; brigadier de cavalerie le 1er janvier 1740; maréchal de camp le 14 mai 1743, il fut employé en cette qualité à l'armée du Rhin sous le maréchal de Noailles et combattit à Ettingen le 27 juin puis à l'armée de Flandre sous le Roi, aux sièges de Menin, d'Ypres et de Fumes. Il passa de là en Alsace avec le roi et fut employé à l'armée du Rhin. Il servit au siège de Fribourg et monta la tranchée où il fut blessé d'un coup de pierre qui lui cassa le bras et lui fit une contusion très considérable.

Nommé aide de camp du roi à l'armée de Flandre, le 1er avril 1745, il combattit à Fontenoy le 11 mai et concourut à la prise de Tournay. Il assista aux batailles de Raucoux et de Lawfeld.

En 1748 il fut nommé lieutenant général des armées du roi, destiné à l'armée de Flandre qu'il ne joignit pas, les préliminaires de paix d'Aix-la-Chapelle, ayant été signés le 30 avril.

Le 26 janvier 1749 il devint duc de Rohan-Rohan à Ia mort du prince de Rohan, son aïeul.

Nommé gouverneur général de la Flandre et du Hainaut, gouverneur en chef et grand bailli de la ville de Lille, à la mort du duc de Boufflers le 26 sept. 1751, il se démit du gouvernement de Champagne et Brie. Il servit en Flandre et à l'année du Bas-Rhin sous les maréchaux de Bellisle et d'Estrées.

Le 15 juin 1757 il fut chargé du commandement de l'armée d'exécution composée des troupes, réunies françaises et autrichiennes pour marcher sur la Saxe et soutenir l'impératrice Marie Thérèse contre le roi de Prusse, et ses alliés.

Contrairement à son avis le 15 novembre 1757, la bataille s'engage près du village de Rosbach et malgré le courage qu'il déploya il fut obligé de se retirer devant la cavalerie prussienne qui débordait l'armée française. Le public le chansonna après sa défaite bien qu'il eut vaillamment payé de sa personne.

Le 1er mai 1758 il commanda l'armée auxiliaire envoyée dans la Hesse et s'empara de la forteresse de Marbourg en juillet 1758, où il trouva une quantité de munitions et beaucoup d'artillerie il délogea les ennemis à Kirchain sur la Lahn et prit, le même jour, le fort de Zieghenheim (20 juillet 1758). Il fit marcher en avant le duc de Broglie à l'avant-garde de l'armée, et lui envoya un renfort d'infanterie et de cavalerie, ce qui lui permit d'attaquer et de battre çomplètemeot l'ennemi à Sundershausen à la lia du mois de juillet 1758.

Dans cette même campagne, Soubise eut des succès importants en Hanovre, la ville capitale fut contrainte de payer 4 millions de rançon. Le 10 octobre il s'aperçut que l'armée ennemie abandonnait son camp pour occuper une position plus reculée dans des bois qui couvraient son front et son flanc gauche. Il marcha de front sur l'ennemi à la tête de son armée et par la célérité de ses mouvements la mit à la portée de faire un feu très vif et très suivi sur les ennemis qui furent obligés de se jeter en désordre dans les bois qui bordent la Vera et de se retirer jusqu'à Lutzelberg. On leur fit 800 prisonniers. Le roi le créa maréchal de France le 19 octobre 1758. Le 9 novembre le corps qu'il commandait s'empara du château de Spagenberg. Ce château, situé sur une montagne, à demi taillé dans le roc, environné d'un double fossé avec 300 hommes de garnison, aurait pu se défendre contre une armée. On trouva dans la place 18 canons, 300 fusils, 2.000 boulets, quarante-quatre barils de poudre. Le 16, il chassa les Hanov riens de Witzchaussen et prit les châteaux de Rhinsfeld, de St-Goar, de Schwartshausen et de Calze.

Il fut fait ministre d'Etat le 28 février 1759.

Dans le courant de cette année, instruit que les ennemis avaient formé le projet d'attaquer les quartiers de l'armée du Rhin dont il avait le commandement, il prit le parti d'occuper la ville de Francfort, ce qui rendit leur plan d'attaque inutile.

Revenu de l'armée il prit son rang dans les conseils du roi comme ministre d'Etat.

Le 25 juillet 1761, les maréchaux Broglie et Soubise, opérant ensemble en Allemagne, firent leur jonction à Soest près de la Lippe, et eurent l'occasion d'écraser l'armée du prince de Brunswick, mais leur défaut d'entente leur fit éprouver une défaite à Filinghausen, dont ils se renvoyèrent mutuellement la responsabilité. Dans cette circonstance le public se rangea du côté du duc de Broglie qui n'en fut pas moins exilé dans ses terres. Le jour où la nouvelle de cet exil parvint à Paris, on donnait à la comédie-française « Tancrède ». Mlle Clairon appuya avec affectation sur ces vers :

On dépouille Tancrède, on l'exile, on l'outrage;
C'est le sort des héros d'être persécutés.

Le public en fit l'application au maréchal de Broglie.

Courtisan infatigable, Soubise obtint encore un commandement en 1762 et fut vainqueur à Johannisberg, grâce aux conseils du maréchal d'Estrées. Il était sincèrement attaché à Louis XV et après la mort de ce prince, qui succomba aux atteintes d'une petite vérole pourprée, il fut le seul des courtisans qui accompagna son corps à Saint-Denis. Louis XVI lui en sçut bon gré et l'excepta de la disgrâce infligée aux derniers courtisans de Louis XV. Il mourut le 4 juillet 1787.

Charles de Rohan, prince de Soubise, était le petit-fils d'Hercule-Mériadec de Rohan qui obtint du roi Louis XIV l'érection en duché de Rohau-Rohan, la terre de Frontenay l'Abattu, en Saintonge, par lettres patentes de 1714, pour réparer en partie le tort fait à la maison de Rohan de la perte du premier duché érigé en sa faveur, par Henri IV en 1603. Cette maison était en possession du titre de prince de Soubise depuis l'érection par lettres patentes en 1667.

Il était fils de Jean-François-Louis de Rohan prince de Soubise, capitaine lieutenant des gendarmes de la garde du roi, et d'Anhe-Julia-Adélaïde de Melun, fille de Louis, prince d'Epinoy et d'Elisabeth de Lorraine Lillebonne; il ép. 1° le 29 déc. 1734 Anne-Louise de la Tour d'Auvergne, fille unique du duc de Bouillon; 2° le 3 nov. 1741 Anne-Thérèse de Savoie-Carignan; 3° le 24 dec, 1745 Anne-Victoire-Marie-Christine, princesse de Hesse-Rhinfels; il eut du premier lit, Charlotte-Codefride-Elisabeth, mariée en 1753 à Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé; et du second lit, Victoire-Armande-Josèphe, mariée eu 1761 à Heuri-Louis-Marie, prince de Rohan Guemenée.

Les armes des princes de Soubise, ducs de Rohan-Rohan étaient : parti de trois traits, coupé d'un, au du chef d'Evreux; au 2 de Navarre; au 3 d'Aragon; au 4 d'Ecosse; au 5 qui est le premier de la pointe, de Bretagne; au 6 de Milan; au 7 d'argent à la fasce de gueules, à la bordure d'azur, qui est de Saint Severin au 8 de Lorraine, et sur le tout de Rohan qui est, de gueules, à neuf macles d'or, 3, 3 et 3.

Source : Catalogue historique des généraux français, connétables, maréchaux de France, lieutenants généraux, maréchaux de camp, de Louis de La Roque.

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