Un suspect sous le Second Empire

Une victime de la loi de sûreté générale du Second Empire dans le département de la Charente.

Le citoyen Paul Chazaud avait déjà été arrêté après le 2 décembre 1858 et transporté en Afrique. Il était de retour depuis un an environ lorsqu'il fut, après l'attentat Orsini, victime d'une nouvelle persécution.

Tous les gens qui l'ont connu, à quelque parti qu'ils appartiennent, ne l'avaient jamais considéré comme un homme dangereux; doux et honnête, il était estimé de tous.

Les Chazaud sont une des familles les plus anciennes, et les plus distinguées de la Charente. Sans remonter plus haut que la fin du dix-huitième siècle, nous trouvons deux frères, l'un général de brigade et l'autre membre de la Convention nationale. Le citoyen Chazaud, le Conventionnel, avait trois fils, l'aîné receveur général à Poitiers, le cadet juge de paix à Chabanais, le troisième officier de cuirassiers sous la Restauration et maire de Confolens (Charente), après 1830. MM. Auguste Chazaud, ancien receveur général à Arras, aujourd'hui retiré au chateau de Boisbuché, et Jules Chazaud, ancien représentant du peuple à la législative de 1849, sont fils du receveur général de Poitiers. Le citoyen Paul Chazaud, dont nous parlons, était fils du juge de paix de Chabanais.

Après son arrestation, en 1858, le citoyen Chazaud fut transporté en Afrique et interné à Tlemcen. A son retour après l'amnistie, il vint dans son pays, recueillir les débris de sa fortune, et reprit cette fois volontairement le chemin de l'exil. C'était désormais une existence à jamais brisée. Il vient de mourir il y a deux mois à Lausanne (Suisse), où il occupait un modeste emploi dans une administration de bateaux à vapeur. Comme le faisait remarquer Les lettres charentaises en annonçant sa mort « quels remords ne doivent pas avoir aujourd'hui ceux qui par zèlè ou par peur ont causé l'exil, la ruine et la mort de cet honnête homme ! »

Source : Les suspects en 1858, d'Eugène Ténot.

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