Le cimetière de Vilhonneur
Avant d'étudier les tombes qui se voient encore dans le cimetière de Vilhonneur, nous croyons devoir parler du mausolée du chevalier de Chambes, jadis placé derrière le chevet de l'église (1), autour de laquelle existait anciennement un cimetière, si l'on en juge par des fragments de dalles visibles aux abords de l'église, et dont quelques-uns même ont servi, il y a peu de temps, à réparer une portion du mur extérieur de l'absidiole gauche.
Cette pierre tombale est connue, ainsi que l'inscription qui l'accompagne, inscription dont M. Babinet de Rencogne a donné la véritable interprétation (2); néanmoins la description complète du monument est utile, parce que d'abord elle a été imparfaitement faite, puis parce qu'elle nous servira de terme de coniparaison pour déterminer l'âge de l'une des tombes du cimetière.
Malgré les mutilations qu'elle a éprouvées, la pierre tombale du chevalier Pierre de Chambes mesure 1m 70 de long sur 0m 70 de large; la statue, dont les bras et les jambes ont disparu , offre une longueur de 1m 30; son relief maximum est de 0m 25.
Le chevalier est couché sur le dos; la tête repose sur un coussin. Les dégradations de cette partie ne nous permettent pas d'être aussi affirmatif que M. l'abbé Michon (3) et son copiste M. F. Marvaud (4), et de dire qu'elle est casquée. Les bras devaient être repliés sur la poitrine, d'après les faibles traces qui l'indiquent; il est vêtu de la cotte d'armes sende de fleurs de lys seulement à la partie inférieure, c'està-dire à partir des courroies qui soutiennent l'épée, ce qu'Adrien d'Averton (5) appelle la ceinture militaire.
Sur le côté gauche on lit l'inscription suivante, que nous avons reproduite avec les caractères de l'époque sur les planches ci-jointes :
DE CHAMBIS DICTUS PETRUS EST TELLURE RELICTUS
QUEM SI CHRISTE PLACET TIBI VIRGO PIISSIMA PLACET
PRETERIENS POSCAT CHRISTUM QUOD PACE QUIESCAT
CUM SANCTIS ANIMA NEC INFERNI SCIAT YMA, AMEN.
Ce mausolée date du XIIIe siècle. C'est en 1256 que le chevalier Pierre de Chambes vint occuper sa sépulture derrière le chevet de l'église de Vilhonneur (6).
Le cimetière ne contient qu'une tombe digne de fixer l'attention. Conime celles de Pranzac, elle est de forme hexagonale; elle mesure 0m 80, le dessus 0m 28, les pans coupés 0m 32 et les côtés 0m 30. Sa hauteur totale est de 0m 55.
Le dessus, les deux extrémités, un côté et un des pans coupés seuls sont sculptés.
Le dessus présente dans son milieu une croix pattée inscrite dans un cercle; de chaque côté sont trois fleurs de lys séparées par des bandes en pal, composées d'échiquiers, dans lesquels sont sculptés en relief des fleurons à huit divisions.
Les deux extrémités du pan coupé sont ornées des mêmes fleurons à huit divisions et de deux arcatures plein cintre supportées par des colonnettes; l'espace laissé libre par cette ornementation est rempli par quatre écus en pointe, portant chacun trois fleurs de lys; en dessous et à côté, on voit aussi un semis de fleurs de lys.
Le côté, portant deux bandes de fleurons, comme sur les faces précédentes, est orné de deux rangs d'arcatures romanes superposées, portées par des colonnettes et au nombre de trente. Quatre arcades semblables se remarquent au bout correspondant aux pieds, ainsi que deux fleurons au-dessus; l'extrémité répondant à la tête, indépendamment de ces ornements, porte une croix pattée et emmanchée.
Comparée à la pierre tombale du chevalier de Chambes, cette tombe remarquable s'en rapproche par quelques-uns de ses détails et principalement par les fleurs de lys qui, là comme sur la cotte d'armes, ont identiquement la même forme caractéristique du XIIIe siècle.
Cette identité est d'autant plus frappante, que sur l'un comme sur l'autre monument elles traduisent les armes de la famille de Chambes.
D'un autre côté, la présence de ces deux tombes dans la même localité autorise à dire, sans crainte de faire fausse route, que cette pierre tombale doit être celle d'un membre de la même famille.
Nous citerons seulement pour mémoire deux autres tombes où l'on voit les traces d'arcades plein cintre et de fleurons à huit divisions. Ces tombes ont été en partie retaillées, elles recouvrent maintenant la dépouille de deux habitants de Vilhonneur et portent des inscriptions modernes à l'orthographe quelque peu hasardée.
Alphonse Trémeau de Rochebrune
Notes :
1. M. Sénemaud, alors secrétaire de la Société archéologique de la Charente, communiquait, à la séance du 10 septembre 1862, une lettre de M. le curé de Vilhonneur, par laquelle il faisait don au musée de la pierre tombale du chevalier de Chambes. Aujourd'hui, le monument est déposé au musée, et la Société décidait qu'une inscription, destinée à perpétuer le souvenir du monument et du don qui en avait été fait, serait placée par ses soins derrière le chevet de l'église.
2. Société archéologique de la Charente, procès-verbal de la séance du 27 juillet 1868.
3. Loc, cit.
4. Rép. archéol., loc. cit.
5. Abécédaire (arch, relig.), p. 556.
6. Procès-verbal des séances de la Société archéologique de la Charente, Bull. 1862, t. IV, 3. série, p. 190.
Cette pierre tombale est connue, ainsi que l'inscription qui l'accompagne, inscription dont M. Babinet de Rencogne a donné la véritable interprétation (2); néanmoins la description complète du monument est utile, parce que d'abord elle a été imparfaitement faite, puis parce qu'elle nous servira de terme de coniparaison pour déterminer l'âge de l'une des tombes du cimetière.
Malgré les mutilations qu'elle a éprouvées, la pierre tombale du chevalier Pierre de Chambes mesure 1m 70 de long sur 0m 70 de large; la statue, dont les bras et les jambes ont disparu , offre une longueur de 1m 30; son relief maximum est de 0m 25.
Le chevalier est couché sur le dos; la tête repose sur un coussin. Les dégradations de cette partie ne nous permettent pas d'être aussi affirmatif que M. l'abbé Michon (3) et son copiste M. F. Marvaud (4), et de dire qu'elle est casquée. Les bras devaient être repliés sur la poitrine, d'après les faibles traces qui l'indiquent; il est vêtu de la cotte d'armes sende de fleurs de lys seulement à la partie inférieure, c'està-dire à partir des courroies qui soutiennent l'épée, ce qu'Adrien d'Averton (5) appelle la ceinture militaire.
Sur le côté gauche on lit l'inscription suivante, que nous avons reproduite avec les caractères de l'époque sur les planches ci-jointes :
DE CHAMBIS DICTUS PETRUS EST TELLURE RELICTUS
QUEM SI CHRISTE PLACET TIBI VIRGO PIISSIMA PLACET
PRETERIENS POSCAT CHRISTUM QUOD PACE QUIESCAT
CUM SANCTIS ANIMA NEC INFERNI SCIAT YMA, AMEN.
Ce mausolée date du XIIIe siècle. C'est en 1256 que le chevalier Pierre de Chambes vint occuper sa sépulture derrière le chevet de l'église de Vilhonneur (6).
Le cimetière ne contient qu'une tombe digne de fixer l'attention. Conime celles de Pranzac, elle est de forme hexagonale; elle mesure 0m 80, le dessus 0m 28, les pans coupés 0m 32 et les côtés 0m 30. Sa hauteur totale est de 0m 55.
Le dessus, les deux extrémités, un côté et un des pans coupés seuls sont sculptés.
Le dessus présente dans son milieu une croix pattée inscrite dans un cercle; de chaque côté sont trois fleurs de lys séparées par des bandes en pal, composées d'échiquiers, dans lesquels sont sculptés en relief des fleurons à huit divisions.
Les deux extrémités du pan coupé sont ornées des mêmes fleurons à huit divisions et de deux arcatures plein cintre supportées par des colonnettes; l'espace laissé libre par cette ornementation est rempli par quatre écus en pointe, portant chacun trois fleurs de lys; en dessous et à côté, on voit aussi un semis de fleurs de lys.
Le côté, portant deux bandes de fleurons, comme sur les faces précédentes, est orné de deux rangs d'arcatures romanes superposées, portées par des colonnettes et au nombre de trente. Quatre arcades semblables se remarquent au bout correspondant aux pieds, ainsi que deux fleurons au-dessus; l'extrémité répondant à la tête, indépendamment de ces ornements, porte une croix pattée et emmanchée.
Comparée à la pierre tombale du chevalier de Chambes, cette tombe remarquable s'en rapproche par quelques-uns de ses détails et principalement par les fleurs de lys qui, là comme sur la cotte d'armes, ont identiquement la même forme caractéristique du XIIIe siècle.
Cette identité est d'autant plus frappante, que sur l'un comme sur l'autre monument elles traduisent les armes de la famille de Chambes.
D'un autre côté, la présence de ces deux tombes dans la même localité autorise à dire, sans crainte de faire fausse route, que cette pierre tombale doit être celle d'un membre de la même famille.
Nous citerons seulement pour mémoire deux autres tombes où l'on voit les traces d'arcades plein cintre et de fleurons à huit divisions. Ces tombes ont été en partie retaillées, elles recouvrent maintenant la dépouille de deux habitants de Vilhonneur et portent des inscriptions modernes à l'orthographe quelque peu hasardée.
Alphonse Trémeau de Rochebrune
Notes :
1. M. Sénemaud, alors secrétaire de la Société archéologique de la Charente, communiquait, à la séance du 10 septembre 1862, une lettre de M. le curé de Vilhonneur, par laquelle il faisait don au musée de la pierre tombale du chevalier de Chambes. Aujourd'hui, le monument est déposé au musée, et la Société décidait qu'une inscription, destinée à perpétuer le souvenir du monument et du don qui en avait été fait, serait placée par ses soins derrière le chevet de l'église.
2. Société archéologique de la Charente, procès-verbal de la séance du 27 juillet 1868.
3. Loc, cit.
4. Rép. archéol., loc. cit.
5. Abécédaire (arch, relig.), p. 556.
6. Procès-verbal des séances de la Société archéologique de la Charente, Bull. 1862, t. IV, 3. série, p. 190.