Le chien de la forêt d'Horte
Dans le cruel et trop mémorable hiver de 1709, où le blé, les vignes, les olives et les arbres à fruit gelèrent en France, les loups firent d'affreux ravages dans les campagnes; et se jetèrent sur les hommes eux-mêmes. Une de ces bêtes féroces, après avoir brisé une fenêtre, entra dans une chaumière de la forêt d'Horte, près d'Angoulême. Deux enfans, l'un de six, et l'autre de huit ans, étaient couchés, et attendaient leur mère, qui était allé chercher du bois pour leur faire un peu de feu. Ne voyant point de résistance, le loup sauta sur le lit, et chercha à dévorer sa tendre et timide proie.
Saisis d'une frayeur subite, les deux petits garçons se glissèrent bien vite sous le matelas, et s'y tinrent blottis sans souffler.
Si voisin de la chair qui l'alléchait, et ne pouvant l'atteindre aussitôt, l'animal meur, trier n'en devint que plus animé; il se mit à déchirer la couverture à grands coups de dents, et la mit en pièces, ainsi que les draps. Tout faibles qu'étaient ces obstacles, ils furent néanmoins le salut de ces petits enfans. En effet, tandis que le loup furieux les cher chait, un énorme dogue qui avait suivi leur mère, revint à temps pour les délivrer. La trace de l'odeur fétide du loup saisit l'odorat du chien à plus de cent pas de la maison vers laquelle la villageoise, chargée de fagots, s'acheminait lentement. Il accourt avec la vitesse du cerf, et tombe sur l'ennemi, qui se cache soudain dans un coin obscur; il saisit le lâche assassin à la gorge, le traîne à la porte, et l'étrangle sur-le-champ.
Qu'on se peigne l'état affreux de la mère à son retour; elle voit un loup étendu par terre, le dogue rempli de sang, son lit au pillage, et plus d'enfans !.... Pressentant, en quelque sorte, l'inquiétude de sa maîtresse, le chien se porte vers elle avec une sollicitude énergique; puis, retournant au lit, il fourre sa tête, à diverses reprises, sous les matelas, et semble lui dire qu'elle peut trouver là ce qu'elle a de plus cher.
Cette femme éplorée s'approche; elle. alonge la main en tremblant, et sent les deux petits innocens immobiles.... Elle se hâte de les retirer; il en était temps : un moment plus tard, ils étouffaient. Dès qu'ils eurent repris leurs sens, ils racontèrent ingénument les périls qu'ils venaient de courir; comment; le loup était entré, et la manière dont ils s'en étaient garantis. Le dogue, tout content d'avoir sauvé la vie à ces petits garçons, se mit à les lécher, et leur fit autant de caresses que la mère elle-même.
Source : Les chiens célèbres, d'Anne-François-Joachim Fréville.
Saisis d'une frayeur subite, les deux petits garçons se glissèrent bien vite sous le matelas, et s'y tinrent blottis sans souffler.
Si voisin de la chair qui l'alléchait, et ne pouvant l'atteindre aussitôt, l'animal meur, trier n'en devint que plus animé; il se mit à déchirer la couverture à grands coups de dents, et la mit en pièces, ainsi que les draps. Tout faibles qu'étaient ces obstacles, ils furent néanmoins le salut de ces petits enfans. En effet, tandis que le loup furieux les cher chait, un énorme dogue qui avait suivi leur mère, revint à temps pour les délivrer. La trace de l'odeur fétide du loup saisit l'odorat du chien à plus de cent pas de la maison vers laquelle la villageoise, chargée de fagots, s'acheminait lentement. Il accourt avec la vitesse du cerf, et tombe sur l'ennemi, qui se cache soudain dans un coin obscur; il saisit le lâche assassin à la gorge, le traîne à la porte, et l'étrangle sur-le-champ.
Qu'on se peigne l'état affreux de la mère à son retour; elle voit un loup étendu par terre, le dogue rempli de sang, son lit au pillage, et plus d'enfans !.... Pressentant, en quelque sorte, l'inquiétude de sa maîtresse, le chien se porte vers elle avec une sollicitude énergique; puis, retournant au lit, il fourre sa tête, à diverses reprises, sous les matelas, et semble lui dire qu'elle peut trouver là ce qu'elle a de plus cher.
Cette femme éplorée s'approche; elle. alonge la main en tremblant, et sent les deux petits innocens immobiles.... Elle se hâte de les retirer; il en était temps : un moment plus tard, ils étouffaient. Dès qu'ils eurent repris leurs sens, ils racontèrent ingénument les périls qu'ils venaient de courir; comment; le loup était entré, et la manière dont ils s'en étaient garantis. Le dogue, tout content d'avoir sauvé la vie à ces petits garçons, se mit à les lécher, et leur fit autant de caresses que la mère elle-même.
Source : Les chiens célèbres, d'Anne-François-Joachim Fréville.