Le Général Bennigsen (1745-1826)
(Léonce-Léontiévitch, comte Bennigsen) (1745-1826), originaire du Hanovre, page à dix ans, lieutenant à la Garde à pied à quatorze, prit part à la guerre de Sept Ans et, en 1773, alors qu'il était déjà lieutenant-colonel, passa au service russe comme major au Régiment des Mousquetaires de Viatka. Il fit les deux guerres de Turquie et, au cours de la deuxième, il se distingua à la tête du régiment de cavalerie légère d'Izioume par son énergie et son sang-froid. Brigadier en 1790, il prend part à la guerre contre la Pologne, qui lui vaut le grade de Général-Major, la croix de Saint-Georges de 3e classe, une épée d'or et 1.080 paysans. Envoyé en Perse, il se distingue à la prise de Derbent et est promu Général Lieutenant en 1797. Paul Ier, d'abord bien disposé à son égard, le mit à la retraite en 1798, mais le réintégra bientôt dans les cadres et l'envoya à la Ligne du Caucase. En 1801, il répondit à l'appel de Pahlen et vint en secret à Saint-Pétersbourg, prit une part active au complot et joua le rôle d'assassin dans tout ce qu'il a de hideux et de répugnant. Cynique, sans morale et sans principes, il eut dans la suite l'audace de prétendre effrontément que le but véritable de la conjuration lui était inconnu et qu'il n'avait pas à rougir d'avoir trempé dans la tragédie du 11 mars. Alexandre Ier le nomma en 1801 Gouverneur militaire de Vilna et, en 1802, général de cavalerie. Il fit avec son corps la campagne de 1806, livra la bataille de Pultusk, mais sans pouvoir tirer un parti sérieux de sa victoire qu'il représenta dans son rapport comme la défaite de l'armée française tout entière, commandée par Napoléon en personne et qui lui valut la Saint-Georges de 2e classe et le titre de Commandant en chef. Peu après à Eylau, il se rencontra avec Napoléon lui-même. Bien que victorieux, il battit en retraite et donna ainsi à Napoléon la possibilité de s'attribuer la victoire. Pourtant son rapport fit sensation. On l'appela le Vainqueur de l'Invincible et il reçut le cordon de Saint-André avec une pension de 12.000 roubles. Ses opérations ultérieures ne furent pas couronnées de succès ; puis vint la défaite de Friedland et sa mise à la retraite. Rappelé en activité en 1812, il fut pris comme Chef d'Etat-Major par Koutouzoil, se distingua à Borodino, remporta la victoire de Taroutino et quitta peu après l'armée. Il ne se lassait pas de critiquer les actes du général en chef, ne reculant ni devant la délation, ni devant la calomnie jusqu'au jour où Koutousoff, mis au courant par l'Empereur qui lui communiqua un de ces rapports, exigea le renvoi de son Chef d'État-Major. Commandant une des armées d'opération en Allemagne en 1813, la bataille de Leipzig lui valut le titre de comte, et le siège de Hambourg, la croix de Saint-Georges de 1re classe. Commandant en chef la 2e armée en 1814, il fut relevé de ses fonctions en 1818 à la suite d'une inspection où P. D. Kisseleff le déclara vieux et affaibli, peu familiarisé avec la langue et les lois russes et bon par suite à servir de jouet à des mains expertes. Il se retira en Hanovre dans son domaine familial de Banteln, où il mourut le 22 Septembre 1826. Bennigsen fut un des derniers représentants des mercenaires étrangers, genre Condottieri. Après quarante-cinq ans de service en Russie, comblé de faveurs par le Tzar, possesseur en Russie d'immenses propriétés, il resta Hanovrien jusqu'à son dernier jour, résistant à la fusion avec sa seconde patrie, refusant même d'apprendre convenablement le russe : « Rester éternellement dans la nationalité russe n'a jamais été mon intention et le serment ne m'y oblige pas », note-t-il lui-même sur ses Etats de service.
Source : Le Général de Stamford, d'après sa correspondance inédite (1793-1806), de Maurice-Henri Weil.
Source : Le Général de Stamford, d'après sa correspondance inédite (1793-1806), de Maurice-Henri Weil.