Nicolas Guimbelot et la bataille d'Heilsberg
Mots-clés : Nicolas Guimbelot (1784-1862), garde impériale (vélites), infanterie de ligne (76e régiment), guerres napoléoniennes, bataille d'Heilsberg (1807), bataille des Arapiles (1812), bataille de Wavre (1815).
Fils de François Guimbelot et Jeanne Planty, demeurant au village de Chez-Manot, commune d'Eymouthiers, canton de Montbron (Charente).
Baptisé le 4 avril 1784 dans l'église d'Eymouthiers par Guillaume Boyer, curé de la paroisse. Ses parrains furent son frère, autre Nicolas Guimbelot, et sa grand-mère, Magdelaine de Labrousse.
Le père était un petit notable local, membre de l'administration, au revenu modeste et chargé de 10 enfants.
Le jeune Guimbelot fut admis le 27 ventôse an XIII (18 mars 1805) dans le corps des chasseurs-vélites de la Garde impériale.
Il reçut une instruction militaire au château d'Écouen, puis intègra un bataillon de vélites à la suite des chasseurs à pied de la Vieille Garde.
Il assista aux victoires d'Austerlitz (1805) et d'Iéna (1806).
Il fut nommé caporal le 21 mai 1806, puis fut incorporé avec le même grade dans le nouveau régiment des fusiliers de la Garde, créé par décret du 19 septembre 1806.
Ce régiment de la jeune Garde impériale se distingua pendant la campagne de Pologne en Prusse orientale.
Le 8 février 1807, les fusiliers de la Garde participèrent à la bataille d'Eylau.
Un adjudant de l'état-major de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, ancien fusilier de la Garde, se plaisait à raconter aux jeunes élèves l'attaque du cimetière d'Eylau.
Le 75e bulletin de la Grande Armée rapporta que le 17 mai 1807, Napoléon 1er avait fait manœuvrer ses fusiliers de la Garde campés à proximité du château de Finckenstein, son quartier général.
Le 10 juin 1807, le caporal Guimbelot à la suite des fusiliers-chasseurs de la jeune Garde, fut blessé d'un coup de feu à la jambe droite, à la bataille d'Heilsberg entre les troupes françaises de Murat et Lannes d'une part, et les troupes russes de Bennigsen d'autre part.
Saint-Hilaire, historien de la Garde impériale, rapporta que les fusiliers-chasseurs de la jeune Garde, commandés par le général Savary... firent des prodiges en combattant avec une intrépidité qui les fit remarquer de toute l'armée. Le général Roussel, chef de l'état-major de la Garde, qui se trouvait au milieu d'eux, eut la tête emportée par un boulet. Le général Curial, colonel des fusiliers-chasseurs de la jeune Garde, fut grièvement blessé en combattant à la tête de ce régiment avec son courage accoutumé.
Barrès, officier de la Grande Armée, rapporta dans son journal que l’Empereur envoya deux régiments de jeune garde, fusiliers, chasseurs et grenadiers, organisés depuis quelques mois et arrivés à l’armée depuis peu de jours. Les redoutes furent enlevées, après un grand sacrifice d’hommes et d’héroïques efforts. Le général de division Roussel, chef d’état-major qui les commandait, eut la tête emportée, et beaucoup d’officiers et de sous-officiers de la Garde qui les avaient organisés, et dont plusieurs étaient de ma connaissance, y perdirent la vie.
Le jour suivant, avec les autres blessés il reçut la visite de Napoléon 1er.
Les blessures graves et lourdes pertes subies à l'affaire d'Heilsberg empêchèrent Guimbelot et son régiment de participer à la victoire de Friedland.
Néanmoins son aventure dans la Grande Armée ne s'arrêta pas là.
Après le traité de Tilsit, le 14 juillet 1807 il fut nommé sous-lieutenant au 76e régiment d'infanterie de ligne et partit en Espagne.
Lieutenant le 25 avril 1809, il fut blessé d'un coup de feu au bras droit, au combat du pont de Sampaio en Galice, le 8 juin 1809, entre les troupes françaises de Ney d'une part, et les troupes espagnoles de Morillo d'autre part.
Capitaine le 24 décembre 1811, il participa à la bataille des Arapiles le 22 juillet 1812, dans la brigade du général Desgraviers, mortellement blessé.
Le lendemain, au combat de Garcia Hernández, son bataillon du 76e de ligne fut attaqué par les dragons de la King's German Legion.
Prisonnier de guerre par les Britanniques, il fut détenu avec d'autres officiers français de 1812 à 1814 à Bishop's Castle.
Libéré après la guerre, il servit pendant les Cent-Jours en Belgique.
Le 18 juin 1815, il fut blessé d'un coup de feu à la joue gauche, au combat du pont du Christ à Wavre entre les troupes françaises de Grouchy d'une part, et les troupes prussiennes de Blücher d'autre part.
Après la chute finale de Napoléon 1er et le retour définitif des Bourbons, il fut placé en demi-solde.
En 1818, il figura parmi les souscripteurs de la Statistique du département de la Charente.
En 1819, il se maria dans l'église de Garat (Charente) avec Marie Dereix.
Sous Charles X, il fut maire de la commune d'Eymouthiers de 1826 à 1830.
En 1831, il fut nommé capitaine de la garde nationale d'Eymouthiers, et ré-intégré dans l'armée la même année.
Le 9 septembre 1832, il fut nommé chef de bataillon au 67e régiment d'infanterie de ligne, à l'armée d'Afrique.
Galibert signala l'action du 67e de ligne dans son ouvrage sur l'histoire de l'Algérie, qui faisant partie d'une expédition dirigée contre les indigènes, les 3 et 4 mai 1833, contribua à repousser les Arabes au passage du défilé de Boufarik.
Le 5 mai 1833, il fut nommé chevalier de la légion d'Honneur.
En 1835, il fut admis à la retraite et rentra à Eymouthiers.
En 1840, il fut l'un des témoins au mariage de sa nièce Adeline Guimbelot avec Thomas Labrousse, propriétaire demeurant au village de Puyservaud.
En 1857, il reçut la médaille commémorative de Saint-Hélène.
Il décéda le 18 octobre 1862, au village de Chez-Manot, à l'âge avancé de 78 ans.
Sans héritier direct, il légua la plupart de ses biens à son neveu, autre Nicolas Guimbelot, demeurant à Rochechouart (Haute-Vienne). Celui-ci le fit inhumer dans une chapelle privée.
Ce texte fait partie d'une série de quatre portraits de charentais entre deux siècles réalisés par Julien Roland.
Sources & bibliographie :
• Archives départementales de Charente - Registres de l'État-civil/série 3 E/commune Eymouthiers (Montbron).
• Archives nationales de France - Dossier de la chancellerie de la Légion d'honneur/1244/14 (Léonore).
• Archives nationales du Royaume-Uni - Registre des prisonniers de guerre de l'Amirauté/guerres napoléoniennes (1799-1815).
• Émile Marco de Saint-Hilaire, Histoire anecdotique, politique et militaire de la Garde impériale, 1845.
• Léon Galibert, L'Algérie ancienne et moderne, 1846.
• Aristide Martinien, Tableaux, par corps et par batailles, des officiers tués et blessés pendant les guerres de l'Empire, 1899.
• Jean-Baptiste Barrès, Souvenirs d'un officier de la Grande Armée, 1923.
• Alain Pigeard, La Garde impériale, 2005.
• Stéphane Calvet, Destins de braves, 2010.
Illustration 1 : blason de Jean Guimbelot, chanoine de la cathédrale de Périgueux.
Illustration 2 : tableau de Joseph-Nicolas Jouy, représentation de Napoléon 1er sur le champ de bataille d'Heilsberg.
Fils de François Guimbelot et Jeanne Planty, demeurant au village de Chez-Manot, commune d'Eymouthiers, canton de Montbron (Charente).
Baptisé le 4 avril 1784 dans l'église d'Eymouthiers par Guillaume Boyer, curé de la paroisse. Ses parrains furent son frère, autre Nicolas Guimbelot, et sa grand-mère, Magdelaine de Labrousse.
Le père était un petit notable local, membre de l'administration, au revenu modeste et chargé de 10 enfants.
Le jeune Guimbelot fut admis le 27 ventôse an XIII (18 mars 1805) dans le corps des chasseurs-vélites de la Garde impériale.
Il reçut une instruction militaire au château d'Écouen, puis intègra un bataillon de vélites à la suite des chasseurs à pied de la Vieille Garde.
Il assista aux victoires d'Austerlitz (1805) et d'Iéna (1806).
Il fut nommé caporal le 21 mai 1806, puis fut incorporé avec le même grade dans le nouveau régiment des fusiliers de la Garde, créé par décret du 19 septembre 1806.
Ce régiment de la jeune Garde impériale se distingua pendant la campagne de Pologne en Prusse orientale.
Le 8 février 1807, les fusiliers de la Garde participèrent à la bataille d'Eylau.
Un adjudant de l'état-major de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, ancien fusilier de la Garde, se plaisait à raconter aux jeunes élèves l'attaque du cimetière d'Eylau.
Le 75e bulletin de la Grande Armée rapporta que le 17 mai 1807, Napoléon 1er avait fait manœuvrer ses fusiliers de la Garde campés à proximité du château de Finckenstein, son quartier général.
Le 10 juin 1807, le caporal Guimbelot à la suite des fusiliers-chasseurs de la jeune Garde, fut blessé d'un coup de feu à la jambe droite, à la bataille d'Heilsberg entre les troupes françaises de Murat et Lannes d'une part, et les troupes russes de Bennigsen d'autre part.
Saint-Hilaire, historien de la Garde impériale, rapporta que les fusiliers-chasseurs de la jeune Garde, commandés par le général Savary... firent des prodiges en combattant avec une intrépidité qui les fit remarquer de toute l'armée. Le général Roussel, chef de l'état-major de la Garde, qui se trouvait au milieu d'eux, eut la tête emportée par un boulet. Le général Curial, colonel des fusiliers-chasseurs de la jeune Garde, fut grièvement blessé en combattant à la tête de ce régiment avec son courage accoutumé.
Barrès, officier de la Grande Armée, rapporta dans son journal que l’Empereur envoya deux régiments de jeune garde, fusiliers, chasseurs et grenadiers, organisés depuis quelques mois et arrivés à l’armée depuis peu de jours. Les redoutes furent enlevées, après un grand sacrifice d’hommes et d’héroïques efforts. Le général de division Roussel, chef d’état-major qui les commandait, eut la tête emportée, et beaucoup d’officiers et de sous-officiers de la Garde qui les avaient organisés, et dont plusieurs étaient de ma connaissance, y perdirent la vie.
Le jour suivant, avec les autres blessés il reçut la visite de Napoléon 1er.
Les blessures graves et lourdes pertes subies à l'affaire d'Heilsberg empêchèrent Guimbelot et son régiment de participer à la victoire de Friedland.
Néanmoins son aventure dans la Grande Armée ne s'arrêta pas là.
Après le traité de Tilsit, le 14 juillet 1807 il fut nommé sous-lieutenant au 76e régiment d'infanterie de ligne et partit en Espagne.
Lieutenant le 25 avril 1809, il fut blessé d'un coup de feu au bras droit, au combat du pont de Sampaio en Galice, le 8 juin 1809, entre les troupes françaises de Ney d'une part, et les troupes espagnoles de Morillo d'autre part.
Capitaine le 24 décembre 1811, il participa à la bataille des Arapiles le 22 juillet 1812, dans la brigade du général Desgraviers, mortellement blessé.
Le lendemain, au combat de Garcia Hernández, son bataillon du 76e de ligne fut attaqué par les dragons de la King's German Legion.
Prisonnier de guerre par les Britanniques, il fut détenu avec d'autres officiers français de 1812 à 1814 à Bishop's Castle.
Libéré après la guerre, il servit pendant les Cent-Jours en Belgique.
Le 18 juin 1815, il fut blessé d'un coup de feu à la joue gauche, au combat du pont du Christ à Wavre entre les troupes françaises de Grouchy d'une part, et les troupes prussiennes de Blücher d'autre part.
Après la chute finale de Napoléon 1er et le retour définitif des Bourbons, il fut placé en demi-solde.
En 1818, il figura parmi les souscripteurs de la Statistique du département de la Charente.
En 1819, il se maria dans l'église de Garat (Charente) avec Marie Dereix.
Sous Charles X, il fut maire de la commune d'Eymouthiers de 1826 à 1830.
En 1831, il fut nommé capitaine de la garde nationale d'Eymouthiers, et ré-intégré dans l'armée la même année.
Le 9 septembre 1832, il fut nommé chef de bataillon au 67e régiment d'infanterie de ligne, à l'armée d'Afrique.
Galibert signala l'action du 67e de ligne dans son ouvrage sur l'histoire de l'Algérie, qui faisant partie d'une expédition dirigée contre les indigènes, les 3 et 4 mai 1833, contribua à repousser les Arabes au passage du défilé de Boufarik.
Le 5 mai 1833, il fut nommé chevalier de la légion d'Honneur.
En 1835, il fut admis à la retraite et rentra à Eymouthiers.
En 1840, il fut l'un des témoins au mariage de sa nièce Adeline Guimbelot avec Thomas Labrousse, propriétaire demeurant au village de Puyservaud.
En 1857, il reçut la médaille commémorative de Saint-Hélène.
Il décéda le 18 octobre 1862, au village de Chez-Manot, à l'âge avancé de 78 ans.
Sans héritier direct, il légua la plupart de ses biens à son neveu, autre Nicolas Guimbelot, demeurant à Rochechouart (Haute-Vienne). Celui-ci le fit inhumer dans une chapelle privée.
Ce texte fait partie d'une série de quatre portraits de charentais entre deux siècles réalisés par Julien Roland.
Sources & bibliographie :
• Archives départementales de Charente - Registres de l'État-civil/série 3 E/commune Eymouthiers (Montbron).
• Archives nationales de France - Dossier de la chancellerie de la Légion d'honneur/1244/14 (Léonore).
• Archives nationales du Royaume-Uni - Registre des prisonniers de guerre de l'Amirauté/guerres napoléoniennes (1799-1815).
• Émile Marco de Saint-Hilaire, Histoire anecdotique, politique et militaire de la Garde impériale, 1845.
• Léon Galibert, L'Algérie ancienne et moderne, 1846.
• Aristide Martinien, Tableaux, par corps et par batailles, des officiers tués et blessés pendant les guerres de l'Empire, 1899.
• Jean-Baptiste Barrès, Souvenirs d'un officier de la Grande Armée, 1923.
• Alain Pigeard, La Garde impériale, 2005.
• Stéphane Calvet, Destins de braves, 2010.
Illustration 1 : blason de Jean Guimbelot, chanoine de la cathédrale de Périgueux.
Illustration 2 : tableau de Joseph-Nicolas Jouy, représentation de Napoléon 1er sur le champ de bataille d'Heilsberg.