Mémoires d'émigration d'un gentilhomme périgourdin

« Il avait fait toutes ses études à Paris et parlait admirablement les deux langues. Je lui exposai clairement mon cas, mais il eut beaucoup de mal à admettre que j'arrivais d'Allemagne à pied, quasiment sans ressources, pour... uniquement retrouver ma fiancée, demoiselle de compagnie de la comtesse Szerhaty.

Cependant, ma qualité d'émigré retint son attention et, lorsque je lui eus dit que j'avais servi aux Gardes Rouges de la Garde Ordinaire de S. M. Louis XVI, que mon père y avait été officier ainsi que mon grand-père, décoré à Fontenoy par S. M. Louis XV, il se souvint de cet épisode et son attitude devint plus affable. Pour vérifier mes dires, il envoya chercher des papiers, ce qui prit fort longtemps et nous permit de causer en gens de bonne compagnie.

Lorsqu'il eut enfin ses documents, il me posa des quantités de questions sur mon régiment. Je n'eus aucune peine à lui citer les noms de tous mes officiers et de beaucoup de mes camarades. Il vérifiait à mesure et je ne fus pas peu étonné de constater que les services du Tsar avaient la liste nominative des Gardes Rouges, plusieurs années après leur licenciement. Par miracle, j'avais dans mon portefeuille une lettre datant de 1779, à moi adressée à Versailles aux Gardes Rouges de Clermont-Tonnerre, et la lui remis. »

Source : Antoine Faurichon de La Bardonnie, 1791-1797.

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