Les derniers seigneurs de Chabanais

Le 21 mars 1790, les notables de la nouvelle commune de Chabanais, composée de deux paroisses urbaines Saint-Pierre-Saint-Michel et Saint-Sébastien (la paroisse rurale de Grenord ne sera rattachée à Chabanais qu'en 1793), furent convoqués pour l'élection de la municipalité.

Sur une population de 1266 habitants, les citoyens actifs étaient au nombre de 100, en vertu du cens établi par la Constituante.

On suppose que le vote eut lieu dans la tour Montguogier. Mais notre première mairie fut l'hôtellerie Crouzit (actuellement maison Bonnaud, sur la place Colbert) dont une chambre fut louée moyennant 30 livres par an.

Conformément à la loi, 7 officiers municipaux et 36 notables avaient été désignés.

Voici la liste des 7 officiers :

MM. Isaac Dupont, maire.
Reygondeau-Lavalette.
Vouzelaud de Selbuisson.
Vouzelaud de Sansac.
Jean Terracher.
Duval de Selbuisson.
Jean Rougier, procureur de la commune.

Après la Constitution de l'autorité, on songea à organiser la force armée, chargée de la défendre. Le 28 mars, une supplique des jeunes gens de la ville. réclama la formation d'une milice citoyenne.

L'origine de ce mouvement, généralisé dans toute la France, était la fameuse nuit du 28 au 29 juillet 1789 et la « Grande Peur » qui avait saisi les masses. Ainsi on annonçait à Chabanais que Saint-Claud était en flammes et, à Rochechouart, que Chabanais était réduit en cendres. En réalité, c'étaient les associations politiques de Paris qui avaient répandu cette panique afin de pousser les provinciaux à s'armer contre les régiments étrangers qui pouvaient être dirigés par la Cour contre l'Assemblée.

La garde nationale de Chabanais fut constituée le 11 avril 1790. Elle comptait 125 hommes et 18 officiers, et elle était commandée par M. Dupont-Chaumont, ancien capitaine, au Régiment de la Fère, chevalier de Saint-Louis.

Le serment civique de la Garde fut prêté solennellement sur la place, .

Le premier souci de la municipalité fut d'assurer l'approvisionnement de la population. Le nombre des pauvres augmentait à cause de l'hiver qui avait été rude et par suite aussi de la crise de production qu'entraînaient les mouvements populaires et les jacqueries.

La municipalité publia d'abord un arrêté réglant la police des halles et marchés, puis elle taxa le pain et la viande : la livre de pain de seigle à 3 sols, la viande de boeuf à 6 sols. Or, le prix moyen de la journée d'ouvrier à cette époque était de 18 sols. La vie du peuple était donc très difficile.

Enfin la municipalité s'entendit avec l'intendant de la marquise de Colbert et obtint une avance importante en blé qui lui permit de faire face aux besoins les plus urgents.

La fête de la Fédération fut célébrée sur la place Colbert, devant l'autel dressé contre la tour Montguogier. Le maire et le commandant de la garde nationale prêtèrent serment « à la nation, à la loi, au roi ».

Claude-Théophile Colbert, hériter de François Gilbert, en 1765, devînt sous-lieutenant de gendarmerie sous le règne de Louis XV.

A cette époque, la terre de Chabanais fut encore démembrée. Une grande partie fut vendue pour permettre aux seigneurs de ce lieu de former la grande terre d'Orsonville, près de Paris.

Claude-Théophile mourut avant la Révolution.

Le marquis de Colbert, qui lui succéda, n'émigra pas pendant la grande tourmente. Il avait adopté les idées nouvelles. C'était un girondin; aussi sa terre ne fut-elle pas vendue. Plus tard, il embrassa la cause de Napoléon qui le fit général de division et comte d'empire.

La fortune des Colbert diminue toujours. Dans les premières années du XIXe siècle, le général, marquis de Colbert, vend, au général Dupont de l'Etang, les terres de Rochebrune (Etagnac) et du Chambon (Chirac).

Vers la même époque le général de Colbert vend à la famille de la Quintinie, qui le possède encore aujourd'hui, un pré situé à l'entrée du bourg de Chabanais, entre la Vienne et la route de Chirac. Ce pré porte toujours le nom de « Pré du Seigneur ».

Les derniers membres les plus notoires de cette famille des Colbert furent :

Pierre David, comte de Colbert-Chabanais, dit Edouard, général et pair de France.

Auguste de Colbert-Chabanais, général, tué à Astorga, en Espagne, en 1809.

Jean-Baptiste, comte de Colbert-Laplace, qui avait épousé la fille du célèbre mathématicien.

Plus tard, la division naquit dans la famille des Colbert et le peu qui restait du petit fief de Chabanais fut vendu par le tribunal de Paris : entre autres, Pilacet, le château de Chabanais furent achetés par le comte Dupont, petit-fils du général de l'Empire. L'acheteur voulait, assurer au moins, en 1890, la conservation du vieux donjon. Mais il fut exproprié par la commune (M. Codet, maire), qui, en 1894, fit construire sur l'emplacement du château, un magnifique groupe scolaire, tout en doublant la superficie de la place Colbert.

Il existe encore plusieurs descendants des marquis de Chabanais, mais ils ne possèdent plus une seule parcelle de leur ancien fief si puissant jadis.

Source : Historique de la commune de Chabanais, de Pierre Bréjoux.

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