Les volontaires de la Charente pendant la Révolution
Le nombre des volontaires que la Charente envoya aux frontières de juillet à décembre 1792, et dont la formation et le départ occupèrent l'attention des autorités constituées, est une preuve évidente du patriotisme que montra ce pays à cette heure terrible. La Charente avait d'abord donné 225 hommes pour les bataillons de fédérés, 150 pour les compagnies franches, 200 environ pour les légions, et le 20 août elle avait enrôlé 4,000 volontaires au lieu de 900 qu'on lui demandait. Ce chiffre devait être encore dépassé, puisque, ultérieurement, d'autres compagnies s'organisèrent, d'abord celles qui se formèrent avec les excédents des premières, puis celles d'artillerie et de cavalerie. Pour arriver à une exacte évaluation, il est à remarquer en premier lieu que plusieurs cantons donnent deux compagnies et que tous en fournissent au moins une. Ainsi les cantons d'Angoulême, Vars, Champniers, Barbezieux, Aubeterre, Cognac, Rouillac, Jarnac, Salles, Ruffec, donnent, le premier 3 compagnies, les autres 2 compagnies, soit un total de 23 compagnies formées par 11 cantons sur 45. Les 34 autres cantons organisent une compagnie, ce qui donne un total de 57 compagnies environ, organisées du 8 août au 30. Il faut encore y joindre la compagnie des chasseurs d'Angoulême composée de 130 hommes, et peut-être d'autres compagnies semblables formées à Cognac, Ruffec et Confolens, et dont on ne peut tenir compte, faute de renseignements positifs. Enfin la compagnie Gallais, la dernière organisée à Ruffec, a un effectif de 70 hommes. L'ensemble des compagnies de volontaires serait donc au moins de 59. Chacune d'entre elles est composée de 100 hommes en moyenne ; celles de chasseurs peuvent en avoir davantage, 130 à 200. Les 59 compagnies de la Charente ont probablement atteint le chiffre de 5.900 hommes et, en y joignant les hommes enrôlés parmi les fédérés et les légionnaires, 6.460, près de 6.500 hommes. Ainsi se réalisait la promesse que Bellegarde, député à la Législative, avait faite à l'Assemblée dans la séance du 8 mars 1792 : « On m'écrit de la Charente, disait-il, que si la France a besoin de 600.000 hommes, ce département est prêt à fournir son contingent ». Si les 83 départements avaient en effet donné une proportion semblable, c'est une réserve de plus de 500.000 hommes qui se serait organisée. Un grand nombre de documents conservés aux Archives permettent de reconstituer le tableau partiel des compagnies que les Charentais formèrent avec une spontanéité aussi louable, et d'indiquer la composition de leurs états-majors. Aussi sec qu'il puisse paraître, ce tableau a sa place marquée dans un travail d'histoire locale. La ville d'Angoulême doit être signalée au premier rang parmi celles qui donnèrent le plus de volontaires : elle organise 3 compagnies, dont l'une (106 hommes) a pour capitaine Simner et pour lieutenants Trémeau et Paulet ; la troisième porte le nom de compagnie de l'Houmeau, et son capitaine s'appelle Callaud, ses lieutenants se nomment Gouguet et Marchais. Une quatrième, celle des chasseurs d'Angoulême, est formée de 56 hommes qui élisent, le 14 septembre, pour capitaine Brun, et pour officiers Dubois, Bachelier et Glavaud dit Va-de-Bon-Cœur. A Blanzac se forme une compagnie de chasseurs, elle compte 138 hommes, et elle choisit comme capitaine un chirurgien, Pierre-Adam Guimberteau-Boismilord, parent du conventionnel Guimberteau ; son capitaine en second est Rivaud, devenu plus tard général de division, et ses lieutenants se nomment Picard et Bernard-Duclos. La compagnie de Roullet, qui renferme 100 hommes, met à sa tête le capitaine Thomas Lacroisade et les lieutenants Meslier et Rabouin. A Champniers, les enrôlements donnent 119 volontaires qui s'organisent en compagnie et désignent Maigret comme capitaine, Mayeux et Barraud comme lieutenant et sous-lieutenant. La 1re compagnie de Vars, qui renferme 106 hommes, a pour capitaine Poutier, pour lieutenants Geoffroy et Chapron. Dans le canton de Garat, 132 volontaires se forment en compagnie ; leur capitaine est Jouve dit Lamotte ; leurs lieutenants, Cablet et Laguerre, élus le 16 août dans une réunion à l'ancien couvent des Cordeliers d'Angoulême. La compagnie d'Hiersac a pour chef Maulde ; l'une de celles d'Aubeterre, Roche. Dans le district de Barbezieux, la compagnie du canton de Barbezieux se compose de 104 volontaires, et le 10 août elle élit dans le cloître des Cordeliers d'Angoulême son capitaine Jean Fougeret, et ses officiers Durand et Nauzais. Plus tard, le même canton donne encore une compagnie de cavalerie. A Montmoreau, du 10 au 17 août, on enrôle 123 volontaires qui élisent pour capitaine Joyeux. A Deviat, on a réuni 158 enrôlés, et, des deux compagnies primitivement organisées, on en forme une qui élit ses officiers le 24 août à Angoulême : ce sont Landry, capitaine, ancien commandant en second de la garde nationale de Deviat Matrat et Moreau, lieutenant et sous-lieutenant. A Chalais est constituée une compagnie de 100 hommes, dite compagnie de Monboyer, et dont le chef est Desgraviers-Bertelot, plus tard général. Une autre est formée à Saint-Séverin, et son capitaine est Dauphin Desgraviers. Dans le district de Cognac, le canton de Cognac organise 2 compagnies, dont l'une, la 1re, compte 125 hommes, et à sa tête pour capitaine Pierre Déjarnac. Dans le canton de Châteauneuf, on enregistre 11 enrôlements ; la compagnie des volontaires élit capitaine Joseph Doreille. A Segonzac, on organise deux compagnies, dont l'une, la 2e, commandée par le capitaine Philibert, renferme chacune 80 hommes. A Lignères, on signale 2 autres compagnies, chacune de 100 volontaires ; la 2e élit comme capitaine Fournier, et comme sous-lieutenant Boulanger. A Saint-Genis, la compagnie, également de 100 hommes, nomme ses chefs le 7 août ; elle a pour capitaine Gaschet. Le canton de Rouillac fournit deux compagnies chacune de 100 hommes ; le capitaine de la 1re est Joseph Thomas, celui de la 2e Hay. Le canton de. Salles enrôle 143 hommes ; parmi les chefs de la compagnie élus le 17 août, figure le capitaine Sauvaget. Parmi les compagnies de Jarnac, Tune, composée de 128 hommes, nomme pour chef, le 8 août, René Laurent. Le district de la Rochefoucauld ne présente pas moins d'enrôlements sans doute ; mais les renseignements relatifs à ce district sont plus incomplets. Les compagnies de Saint-Amant-de-Boixe et de Jauldes, formées de 103 hommes, élisent, le 14 août, Jean Congé capitaine, Quillard et Bouyer lieutenant et sous-lieutenant. La compagnie de Montemboeuf, formée de 90 hommes, les officiers non compris, nomme le 21 août, en présence du commissaire Villemandy, aux grades de capitaine, de lieutenant et sous-lieutenant, Dubournais, Dupuy et Beaufort. La compagnie de Marthon et Montbron, formée de 121 volontaires, élit aux mêmes grades Blanchard-Puymartin, Coquet et Bernard-Lajartre. La compagnie de Chasseneuil et Cellefrouin, composée de 120 enrôlés, élit Gadillon, Faure-Morand et Prat. Dans le district de Confolens, la compagnie de Saînt-Claud compte 106 hommes ; elle élit le 28 août Laplante-Doche comme capitaine, Poumeau et Laporte, lieutenant et sous-lieutenant. La compagnie de Brigueil, forte de 166 hommes, a pour chefs Paul Nexon capitaine, J.-B. Deguerry lieutenant, Vaslet et Bérigaud sous-lieutenants. La 1re compagnie de Confolens, formée de 100 volontaires, s'organise le 16 août avec Brunet comme capitaine et Desbordes comme lieutenant. La 2e compagnie, composée de 100 volontaires environ, a pour capitaine, élu le 18 août, Regondeau, et pour lieutenant Bonneau. Dans le canton de Chabanais, une compagnie s'organise aussi avec 106 hommes. A Champagne-Mouton et à la Péruse, le nombre des enrôlements et la force des compagnies ne sont pas connus. Le dossier relatif au district de Ruffec manque en grande partie ; on sait seulement que le canton de Mansle a pu former probablement 2 compagnies. Dès le 13 août, le commissaire y annonce l'enrôlement de 122 hommes. A Verteuil, une compagnie est organisée dès le 14, et il est très probable que le canton de Ruffec en donna deux ; celui d'Aigre, d'après un état déposé aux Archives, iournit une compagnie, et Marcillac-Lanville, une autre. Quant aux deux compagnies d'artillerie formées en août dans la Charente, la 1re, composée de 55 artilleurs, élut au grade de capitaine Aubert, et à ceux de lieutenant et sous-lieutenant, Puymoyen et Jamain (le 27 août) ; la 2e un peu plus tard nomme comme capitaine Georges Warin le 6 septembre, et compte 51 enrôlés ; elle élit comme lieutenant Normandin, et comme sous-lieutenant Augier. La dernière des compagnies formées, celle de Gallais, enrôlée à Ruffec, compte 65 volontaires, puis est portée à 80 ; elle reste à Ruffec du 25 octobre au 4 novembre, et le 6 elle se rend à Angoulême, où elle est casernée au couvent des Ursulines ; elle part le 23 décembre, conduite par son capitaine Gallais et réduite à 70 hommes.
Source : Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, de Prosper Boissonnade.
Source : Histoire des volontaires de la Charente pendant la Révolution, de Prosper Boissonnade.